Posté dans PORTFOLIO

LES HAUTS-DE-SEINE 60 ANS DE MUTATIONS

Sous la pression d’une expansion urbaine inédite, écrasés par leur propre gigantisme, les Départements de la Seine et de la Seine-et-Oise s’effacent, à l’été 1964, au profit d’un redécoupage plus efficace et plus humain de l’agglomération parisienne. Ainsi sont nés les départements de Petite et de Grande Couronne, traçant les contours d’un territoire nouveau : les Hauts-de-Seine, regroupant 36 communes déjà dotées d’un riche passé historique. Soixante ans après, cette création administrative s’est forgé une identité marquée, à laquelle l’institution départementale a fortement contribué.

Par Nicolas Gomont

 

PAGE (PRESQUE) BLANCHE
À Nanterre, la préfecture des Hauts-de-Seine – ici en construction en 1971 – a d’abord germé dans l’esprit de l’architecte André Wogenscky, disciple de Le Corbusier. Elle sera aussi, à l’origine, le siège du nouveau Département. Il faudra cependant attendre 1987 pour que le premier hôtel du Département soit inauguré à Nanterre avant un déménagement, en 2018, dans le bâtiment actuel accolé à la Paris La Défense Arena.
Photo : Archives departementales 92

CENTRAL PARC
Le parc André-Malraux, voulu, dès 1964, par le ministre des affaires culturelles du général de Gaulle, ne prendra son nom qu’en 1979. Commencé sept ans plus tôt, son avènement reflète un fait du siècle : la disparition de la campagne en banlieue parisienne. Habitations de fortune et terrains vagues occupent alors la plaine de Nanterre. En plein âge d’or, les déblais de La Défense viendront en modeler le relief, souligné par les plans d’eau du paysagiste Jacques Sgard. Dès son ouverture – étalée de 1977 à 1980 – la gestion du parc revient au Département, qui y développe aujourd’hui une politique durable.
Photo : CD92/Stephanie Gutierrez-Ortega

LA NATURE REPREND SES DROITS
Les Chanteraines doivent leur nom à de petites grenouilles vertes – les rainettes – jadis « reines » de la plaine de Gennevilliers. En 1972, à l’emplacement du futur parc, ne restent des champs cernés d’usines de l’ère industrielle que des terrains vagues… Cinquante ans plus tard, un tour à bord de son petit train ne laisse rien paraître de la tâche immense qui attendait alors le Département. Son ouverture devra même se faire par tranches – Les Tilliers, Les Fiancés… – entre 1975 et 1990. Les moutons de sa ferme pédagogique participent aujourd’hui à leur entretien écologique.
Photo : CD92/Stephanie Gutierrez-Ortega

UN PARC SUR L’EAU
Au commencement était une friche industrielle scindée par le RER, l’A14 et les lignes à haute tension. Réconciliant la ville et la nature, le Chemin-de-l’Île voit le jour en 2006 à Nanterre. Omniprésente de part et d’autre de ses pontons flottants, l’eau tirée du fleuve par des vis d’Archimède est purifiée par des bassins filtrants, avant d’arroser le parc et ses jardins familiaux. La présence du nénuphar, une plante sensible à la pollution, atteste de la gestion durable par le Département de cet Espace végétal écologique. En 2023, ce jeune parc départemental a encore gagné 2 hectares sur le site des anciennes Papeteries de la Seine et n’a pas terminé sa croissance.
Photo : CD92/Willy Labre

PARADIS HIPPIQUE
À Marnes-la-Coquette, le Haras de Jardy enseigne l’équitation au cœur d’un domaine historique, autrefois les écuries de l’industriel Marcel Boussac. En tant que gestionnaire, puis comme propriétaire depuis 1986, le Département s’est donné pour mission de l’ouvrir au plus grand nombre, en développant la pratique du cheval à tous les niveaux et sous toutes ses formes. Son centre équestre s’est ainsi hissé au rang de premier de France. Quant à son parc, en accès libre, il s’offre à la promenade au contact direct des chevaux.
Photo : CD92/Julia Brechler

SITE ENCHANTEUR
Le parc du Domaine de la Vallée-aux-Loups, sis à Châtenay-Malabry, s’établit dans la deuxième moitié du XXe siècle. Le Département, investi de la sauvegarde de son patrimoine, hérite en 1970 de la propriété de Chateaubriand, ouverte au public en 1987 après une cure de jouvence. Au même moment, les pépiniéristes du Val-d’Aulnay quittent l’Arboretum, ses arbres centenaires et sa maison du XVIIIe, devenus ce conservatoire du vivant que l’on connaît. L’Île Verte, refuge d’écrivain et de peintre au XIXe, est la dernière parcelle à intégrer son giron en 2003.
Photo : CD92/Ufly

SECOND DÉPART
Au milieu des années 90, le Département engage aux côtés des villes le renouveau des grands ensembles et crée, avec son Pacte 92, la politique de rénovation urbaine avant la lettre. La Caravelle, un quartier de Villeneuve-la-Garenne, illustre parfaitement cette action, consistant en une transformation globale des quartiers dégradés, où de nouveaux services publics font leur apparition. Poursuivi par l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine), ce dispositif précurseur a aujourd’hui son prolongement départemental avec un nouveau dispositif : Quartier d’avenir Hauts-de-Seine.
Photo : CD92/Jean-Luc Dolmaire

AVENIR URBAIN
Successeur du Pacte 92, le dispositif Quartier d’avenir, lancé en 2021 et doté d’une enveloppe pluriannuelle de 150 M€, vise à améliorer le  cadre de vie en luttant contre les déséquilibres territoriaux qui existent encore dans les Hauts-de-Seine. Sa particularité est de ne pas se limiter aux périmètres de la géographie prioritaire de la politique de la ville et de privilégier la notion de « quartier vécu » pour mieux prendre en compte les besoins des habitants en services du quotidien.
Photo : CD92/Olivier Ravoire

DOMAINE HISTORIQUE
Créées par Le Nôtre, détruites à la Révolution puis reconstruites dans un style Art déco par l’architecte Léon Azéma, les grandes cascades du Domaine de Sceaux, de l’allée de la Duchesse jusqu’au bassin de l’Octogone, ont été intégralement restaurées sous l’égide du Département. Huit ans plus tôt, en 2013, les jardins avaient retrouvé leurs parterres de broderies, volutes de buis et autres ifs en topiaire, symboles du jardin à la française. « Renforcer la figure historique du parc » est l’un des cinq axes qui composent le plan de gestion de ce domaine hérité du Département de la Seine et qui, avec 3,5 M de visiteurs annuels, est le parc départemental le plus visité des Hauts-de-Seine.
Photo : CCD92/Julia Brechler

RECONVERSION RÉUSSIE
Soixante ans durant, son nom aura été lié à un fleuron de l’industrie automobile : Renault. Aujourd’hui, l’île Seguin ne vit plus au rythme de la sirène des usines mais au son plus mélodieux de la musique. Fruit d’un partenariat public-privé, lancée à l’initiative du Département, La Seine Musicale, inaugurée en 2017 est devenue un des sites emblématiques des Hauts-de-Seine avec son auditorium Patrick-Devedjian en forme d’œuf, un geste architectural signé par le japonais Shigeru Ban. C’est aussi un musée de sculptures à ciel ouvert, où l’on peut voir des œuvres comme un Pouce de César et surtout Ether (Égalité) de l’artiste Kohei Nawa (ici au premier plan), retenu à l’issue d’un concours départemental.
Photo : © Uflydrones

NOUVEL ÉCRIN !
Au printemps 2022, le nouveau musée départemental Albert-Kahn ouvrait au public ses collections de photographies et de films exceptionnels, exposés dans un nouvel écrin digne de ce « Musée de France » – imaginé par l’architecte Kengo Kuma. Situé à Boulogne autour de l’œuvre de ce banquier philanthrope – les Archives de la Planète, un inventaire visuel du monde au début du XXe siècle – ce musée de l’éducation par l’image s’ouvre sur un jardin historique à scènes paysagères. Sa rénovation avait été engagée dès les années 80 par le Département avec, notamment, la création d’un nouveau jardin  japonais.
Photo : CCD92/Julia Brechler

NOUVEAU CYCLE
1986. 1992. Le Tour de France fait étape dans les Hauts-de-Seine avec, ces deux années-là, le Département pour partenaire officiel et parrain du maillot de meilleur jeune. Le même Tour reviendra en 2022 pour une première, avec ce départ indoor de Paris La Défense Arena vers les Champs-Élysées. Témoignage, s’il en fallait, de son engagement continu en faveur du haut niveau et des grands événements sportifs, la collectivité distingue cette fois le meilleur équipier et la meilleure équipe, fidèle à la tradition d’un territoire pionnier des compétitions cyclistes.
Photo : CD92/Olivier Ravoire

ENCEINTE OLYMPIQUE
Stade des Jeux de 1924 et de la Coupe du monde de 1938 resté, après guerre, l’enceinte de compétitions majeures du sport français – Coupe de France de football, Tournoi des Cinq Nations… – Yves-du-Manoir n’avait pas été construit pour durer. Et pourtant, un siècle plus tard, le Département propriétaire du site depuis 2002 le rétablit dans sa dignité de grand stade. Un investissement de 100 M€ lui permet d’associer pour la deuxième fois – une rareté – son nom à une olympiade, Paris 2024, pour accueillir les épreuves de hockey sur gazon. Yves-du-Manoir constitue aujourd’hui un héritage pérenne de Paris 2024 au service de la politique départementale du sport pour tous.
Photo : CD92/Olivier Ravoire

UN TRAMWAY NOMMÉ…
À lui seul, ce T2 filant vers La Défense incarne le renouveau, en un quart de siècle, du maillage de transports en commun alto-séquanais. L’ouverture de la ligne en 1997 a amorcé la création, avec le soutien du Département, de nouvelles lignes de tramway comme le T1, le T6 et surtout le T10, entre la Croix-de-Berny (Antony) et Clamart, qui forme la seule « dorsale » du réseau 100 % Hauts-de-Seine. Le Département a aussi soutenu massivement, en plus de sa contribution annuelle à Île-de-France Mobilités, l’extension du RER E (Eole) vers l’Ouest ou de la ligne 4 du métro jusqu’à Mairie de Montrouge…
Photo : CD92/Olivier Ravoire

RECONQUÉRIR LA SEINE
S’il est devenu naturel de flâner, à pied comme à bicyclette, le long de la « Promenade bleue » des Hauts-de-Seine, les Alto-Séquanais le doivent au réaménagement précoce des rives de Seine par le Département. Son Schéma des berges, renouvelé en 2022, y concourt depuis 2006. L’un des mots d’ordre de la nouvelle Stratégie Nature, dotée d’un budget de plus de 230 M€, est désormais de rendre le fleuve aux habitants ! Plus de 14 km de linéaire, sur les 39 km qui sillonnent le territoire, sont d’ores et déjà praticables et le tracé va jouer les prolongations – à l’Île Seguin, à Gennevilliers et à Villeneuve-la-Garenne.
Photo : CD92/Olivier Ravoire

PATRIMONIAL ET DURABLE
Inauguré en 1980, juste avant la décentralisation, le collège Anne-Frank à Antony n’est pas seulement une des premières œuvres de l’architecte star Jean Nouvel. Cet établissement à caractère patrimonial symbolise l’adaptation par le Département de son bâti scolaire au XXIe siècle. Sous le sigle « QEB », le référentiel de qualité environnemental des bâtiments, créé en 2020, a présidé à une rénovation modèle, tant sur le plan de la sobriété énergétique que du bien-être des élèves et des enseignants. Dix collèges neufs ou réhabilités sont prévus d’ici 2029 avec les mêmes ambitions.
Photo : CD92/Olivier Ravoire

Les commentaires sont fermés.