À l’horizon 2026, l’architecture « bioclimatique » du nouveau collège Gustave-Eiffel de Châtenay-Malabry, accueillera sept cents élèves dans un cadre propice au bien-être et à la réussite au cœur de l’écoquartier LaVallée.
Par Nicolas Gomont
S’instruire, faire du sport mais aussi jardiner et se détendre dans un écrin moderne, paysager et ouvert sur son quartier… Déjà, son ossature se dessine et avec elle, cette promesse d’un projet en phase avec les nouvelles attentes de la vie scolaire. Le collège Gustave-Eiffel, dont les premiers coups de pioche remontent à presque un an, a vocation à se substituer fin 2025 au collège Pierre-Brossolette, à Châtenay-Malabry. Pour la commune, l’ouvrage représente la pièce manquante de son « triangle d’or », à deux pas d’une crèche et de l’école primaire Voltaire également nichée au nord de l’écoquartier LaVallée. « Cette nouvelle centralité de la ville prend forme avec ses logements, son tramway, ses commerces et ses premiers habitants, se réjouit Georges Siffredi, le président du Département. Ce bâtiment novateur, qui représente un investissement de plus de 36 M€, offrira un cadre agréable, particulièrement propice à la réussite éducative. » Tenue de se faire discrète, la griffe de l’architecte s’effacera au profit d’un traitement paysager d’autant plus essentiel que l’emprise du bâtiment se situe à proximité immédiate de la Coulée verte et du Domaine départemental de Sceaux, classé Monument historique.
COLLÈGE CAMÉLÉON
Le parvis du collège, à l’image de son pourtour copieusement planté et arboré, viendra s’incruster au croisement de la Grande Voie des Vignes et de la venelle Ambre, plus résidentielle, en créant ainsi une continuité verte. « Par son insertion dans le site, le collège présentera un double visage, avec des volumes traversants mais sans que l’on puisse lire son organisation fonctionnelle et venir perturber la vie de ses élèves », explique l’architecte Pascale Guédot. Côté façade, le travail effectué sur la teinte et la texture s’étendra au gymnase devant donner sur la rue, de sorte à fournir un accès indépendant aux associations sportives locales. L’ensemble caméléon devrait se fondre dans son environnement immédiat, trouvant sa place entre l’enduit lisse et blanc des nouveaux logements, au sud, et le béton foncé et plutôt rustique du groupe scolaire, à l’ouest. À la rencontre de ces esthétiques urbaines, la brique Petersen – un matériau artisanal prisé des bâtisseurs de renom, citons Franck Gehry – a également été retenue pour ses propriétés thermiques.
PLUS QU’UNE COUR, UN LIEU DE VIE
À même de faire barrage à la chaleur estivale, l’argile viendra apporter une touche « rétro » en écho aux édifices scolaires d’autrefois, tout en maintenant les températures, quelle que soit la saison, dans une fourchette optimale. Ce qui profitera à près de 700 élèves, soit la capacité cumulée des dix-sept classes qui se partageront le rez-de-chaussée et deux étages. « Les meilleures performances énergétiques seront atteintes avec ce collège, conformément aux exigences de l’écoquartier, grâce au respect de notre référentiel interdépartemental d’écoconstruction », précise Georges Siffredi. En atteste sa conception bioclimatique, pour laquelle a été décerné au projet le label E+C- (grade E3C1) – la plus haute certification qui embrasse toute la durée du cycle de vie d’un bâtiment. Creusée d’un jardin de pleine terre, la vaste cour ombragée, autour de laquelle pointent déjà les trois ailes principales de 4 200 m2, sera comme le centre de gravité de l’établissement. En dehors des heures de cours, au sortir des salles d’étude ou depuis la cantine scolaire, les jeunes, qu’ils soient seuls ou en groupe, pourront s’emparer d’une diversité d’espaces, d’ambiances et d’usages propres à leur tranche d’âge. Et ce, « sans qu’ils ne se gênent, ni ne s’ignorent », a veillé l’architecte, qui évoque une configuration « monacale » et « panoptique ».
UN JARDIN PÉDAGOGIQUE
« Dès la grille d’entrée, on pourra deviner les arbres qui sépareront les aires de récréation du plateau sportif et à l’ombre desquels seront placés des bancs en bois », souligne Pascale Guédot. En lieu et place du goudron traditionnel, imperméable et austère, un revêtement de sol percolant favorisera l’absorption des eaux pluviales à la parcelle, conformément aux critères des cours « îlot vert ». La nature, antidote aux îlots de chaleur, essaimera jusque dans les hauteurs où s’épanouira au premier étage un jardin pédagogique. « Le collège, dans son ensemble, sera aménagé comme un système vivant », prévient sa conceptrice. Bien qu’inaccessibles, le restant des toitures, battues par le vent et pas moins épargnées par le soleil, se feront elles aussi refuge de la biodiversité. Agissant sur le bâti telle qu’une carapace calorifique, un substrat fertile de 30 à 60 centimètres offrira une profondeur suffisante pour semer une palette d’espèces indigènes, panachée d’essences réputées résistantes au réchauffement climatique. Sous ce plancher, traversées de lumière naturelle, les salles de classe meublées par le Département s’assortiront d’espaces à part, novateurs et modulables.
INCLUSION SCOLAIRE
Une manière d’enseigner et d’apprendre autrement. « C’est tout l’objectif de ces lieux adaptés aux projets pédagogiques des professeurs ainsi qu’aux envies et besoins des élèves, explique le président du Département. Ils vont permettre de développer des activités collaboratives et transversales entre plusieurs matières, d’offrir des initiations à la culture, au numérique et aux valeurs citoyennes. » Un atout de taille pour cet établissement, qui hébergera à terme une unité localisée pour l’inclusion scolaire (Ulis) adaptée aux élèves handicapés. « Grâce à cet investissement du Département, ce site gardera ainsi sa vocation historique : celle de l’enseignement », dit Georges Siffredi. Connecté aux transports et écologiquement exemplaire, le nouvel écoquartier s’est en effet approprié l’ancien terrain de l’école Centrale. En clin d’œil, il a revêtu le patronyme de son fondateur, l’homme d’affaires Alphonse Lavallée. S’inscrivant dans cette même filiation, le collège honorera pour sa part un des plus illustres élèves de l’institution parisienne, Gustave Eiffel, symbole de réussite pour les collégiens qui viendront y bâtir leur avenir.