Le schéma d’organisation sociale et médico-sociale vient renouveler les orientations pour les cinq ans à venir dans le champ des solidarités. Un document « programmatique et pragmatique » mettant en synergie tous les acteurs.
Par Pauline Vinatier
Comment repérer les fragilités et prévenir la perte d’autonomie chez les personnes âgées ? Quelle offre à destination des proches aidants ? Comment mieux accompagner les enfants porteurs de handicaps ? Mieux repérer et orienter les victimes de violences intrafamiliales ? Aller plus loin dans la prévention de la précarité énergétique ? Et, de façon générale, comment renforcer la coordination et la coopération entre professionnels ? Ce sont là autant de questions essentielles pour 1,6 million d’Alto-Séquanais, auxquelles le nouveau schéma d’organisation sociale et médico-sociale (SOSMS) vient apporter des réponses.
Obligatoire pour les Départements, renouvelé tous les cinq ans, ce schéma vise à mieux organiser l’offre territoriale et l’accessibilité des services de proximité dans le champ des solidarités. Dans le cadre du « SOSMS » 2024-2028, le Département a fait le choix d’un document unique et transversal à l’échelle du territoire, englobant toutes ses politiques et les mettant en synergie, de la petite enfance à l’autonomie des personnes âgées ou en situation de handicap, en passant par la protection de l’enfance, l’insertion et l’emploi. Intégrant les grandes orientations départementales relatives à la protection de l’enfance (septembre 2022) et à l’autonomie (avril 2023), le schéma s’articule avec la stratégie régionale de santé et participe d’une nouvelle génération de documents de planification. « Ce schéma s’inscrit dans une approche plus préventive de l’accompagnement social et médico-social : prévenir, anticiper et préparer pour avoir moins à réparer. Il s’agit de repenser les modalités d’intervention et d’impulser de nouveaux modes d’organisation et de coopération entre les acteurs », souligne le président du Département, Georges Siffredi.
VISION COMMUNE
« Radiographiés » en 2024, les Hauts-de-Seine apparaissent comme un département socialement contrasté, dont le vieillissement s’accentue. Le chômage de longue durée recule mais celui des jeunes reste élevé (17 %). L’état de santé général est plutôt bon mais la santé mentale des jeunes est aujourd’hui une préoccupation croissante. À partir de ce tableau socio-démographique actualisé et du bilan du schéma précédent, l’élaboration de ce document s’est enrichie pour la première fois d’une concertation participative associant élus, partenaires institutionnels, associatifs et usagers, invités à croiser leurs regards pour aboutir à une vision commune. « Ce travail collectif a duré près d’un an. Il a permis de mieux cibler les besoins des publics fragilisés des Hauts-de-Seine et de définir ensemble des priorités pour tous les acteurs engagés », précise M. Siffredi. De cette démarche innovante découlent cinq grands axes, déclinés en onze types d’actions concrètes.
L’accessibilité des services sociaux figure en bonne place dans ces orientations. « Pour faciliter l’accès aux droits, comme nous le faisons déjà avec l’ouverture de pôles sociaux et d’antennes de proximité, notamment pour la Protection Maternelle et Infantile, nous allons continuer le déploiement d’équipes mobiles comme la Caravane solidaire ou le Bus Santé femmes pour aller au contact des Alto-Séquanais », annonce Georges Siffredi, confirmant l’ouverture d’un 14e service des solidarités territoriales. En parallèle, il s’agit de repérer plus en amont les situations de fragilité pour pouvoir intervenir plus tôt ou du moins, prévenir les risques et éviter les ruptures de parcours. L’évolution des modalités d’accompagnement personnalisé des allocataires du RSA, pour que « 100 % aient un accompagnement plus adapté à leurs besoins » participe de ce dessein.
L’enjeu des cinq ans à venir sera aussi d’accompagner les dynamiques de diversification et de transformation de l’offre sociale et médico-sociale, en soutenant les réponses innovantes. En matière de protection de l’enfance, l’objectif est de mobiliser davantage le cercle familial (tiers dignes de confiance) et de développer le parrainage. Dans le champ de l’autonomie, le déploiement de nouvelles places d’habitat inclusif doit se poursuivre tandis qu’une « Maison du Répit » verra le jour en 2025 à Boulogne-Billancourt pour les aidants. Quant à la petite enfance, l’ambition est d’améliorer l’accueil pour les enfants porteurs de handicap et d’aider les parents qui sont engagés dans un parcours d’insertion vers l’emploi.
ATTRACTIVITÉ DES MÉTIERS
Référence pour les professionnels, ce schéma prévoit de « rendre la coordination entre acteurs plus simple et plus lisible » mais aussi de « maintenir et développer l’attractivité des métiers de l’accompagnement », actuellement en tension (aides à domicile, aides ménagères, aides soignantes, auxiliaires de puériculture et puéricultrices) : « Il n’y pas d’action sociale sans des professionnels impliqués sur le terrain, insiste Georges Siffredi. Nous allons notamment poursuivre les efforts en matière de formation pour les professionnels de la petite enfance, afin qu’ils puissent plus facilement monter en compétence et envisager plus sereinement la poursuite de leur carrière. » Dans la continuité d’une élaboration participative et innovante, la mise en œuvre du schéma sera évaluée par un comité bisannuel réunissant, à nouveau, élus, partenaires institutionnels et associatifs, et représentants des usagers. Ils seront chargés de répondre à cette autre question essentielle : les actions déployées ont-elles concrètement changé le quotidien des Alto-Séquanais et répondu avec efficience à leurs préoccupations ?