L’ÉQUILIBRE ET LA CLARTÉ

© akg-images / Erich Lessing
Le musée national des Châteaux de Malmaison et Bois-Préau présente la première rétrospective en France d’Appiani (1754-1817), le peintre de Napoléon en Italie.
Andrea Appiani fut l’un des premiers à saisir les traits de celui qui se projetait déjà comme un acteur décisif sur la scène internationale – et en conséquence réfléchissait à son image. L’artiste italien rencontre le politique français à Milan dès 1796, devient en 1805 premier peintre de Napoléon, roi d’Italie, multiplie les réalisations de portraits officiels dans une tournure néoclassique nacrée qui va bien au teint des dames milanaises. La manière d’Appiani diffère de celle de son alter ego David ; c’est le peintre Giorgio De Chirico qui l’exprime le mieux dans les années vingt du siècle suivant, en opposant « la prédominance d’un esprit de violence, […] de douleur et de férocité » chez le Français « aux valeurs apolliniennes de l’équilibre et de la clarté » de l’Italien. Une part essentielle de l’œuvre d’Appiani, peintre décorateur du palais royal et de nombreux hôtels particuliers milanais, a disparu dans les bombardements d’août 1943. Elle renaît des cendres par l’intermédiaire des gravures et dessins préparatoires exposés parmi la centaine d’œuvres réunies dans les salons de Bois-Préau jusqu’au 28 juillet.
musees-nationaux-malmaison.fr
CULTURE ESTIVALE

CD92/Julia Brechler
L’opération Brin de Culture s’inscrit dans le cadre de la priorité départementale en faveur de la jeunesse, et tout particulièrement des jeunes Alto-Séquanais relevant de la solidarité (Aide sociale à l’enfance, club de prévention, centres sociaux, externats médicaux professionnels…) Elle fleurit chaque été depuis 2022, en plein air au parc des Chanteraines à Villeneuve-la-Garenne et au parc de l’île Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux, ainsi que dans de nombreux lieux culturels départementaux ouverts à la découverte joyeuse et insolite. Du 9 au 24 juillet, culture artistique et culture physique en partenariat avec Vacan’Sports, ateliers de danse K-pop et de cosplay, escape game aux Archives départementales ou immersion historique et sensorielle au Château de Sceaux : jeunes de 11 à 25 ans, vous feriez bien un brin de culture en notre compagnie ?
Programme complet sur hauts-de-seine.fr
TRANSAT MUSICAL

CD92/Olivier Ravoire
Alors que les musiciens sont partis faire la tournée des festivals, pas question de laisser le mélomane dépérir dans le silence. Dans le confort d’un transat – petite laine et réservation conseillées -, on commence avec quatre séances de Cinéclub Paradiso, du 15 au 18 juillet à partir de 18 h 30 en partenariat avec mk2. The Grand Budapest Hotel (2014) de Wes Anderson – pour les derniers jours de sa rétrospective à la Cinémathèque française -, un cinéma pour les yeux et les oreilles sur la musique d’Alexandre Desplat ; The Blues Brothers (1980) avec John Belushi et Dan Aykroyd ; le plus méconnu Eden (2014) de Mia Hansen-Løve, qui suit un DJ sur la bande son de la French Touch, avec notamment Daft Punk aux synthés, et à l’image Félix de Givry, Vincent Macaigne, Greta Gerwig, Golshifteh Farahani ou Vincent Lacoste… Enfin, le légendaire Saturday Night Fever (1978), John Travolta et les Bee Gees. Puis deux soirées Opéra d’été les 19 et 20 juillet à 19 h 30, captées à l’Opéra Bastille. Le ballet Don Quichotte, dans la chorégraphie de Rudolf Noureev ; la mise en scène « belcantissime » par Laurent Pelly de La Fille du régiment, opéra comique de Donizetti.
www.hauts-de-seine.fr & mk2-festivalparadiso.com
L’HÉRITAGE DE LA FORME

© Adagp, Paris 2025
Jusqu’au 20 juillet, la Maison des Arts d’Antony met en relation le travail de René et Jean Letourneur, sculpteurs de père en fils. René Letourneur (1898-1990), lauréat du prix de Rome en 1926, découvre la sculpture enfant auprès des ouvriers qui taillent la pierre des façades parisiennes. « Dernier grand tailleur de pierre de la sculpture moderne », selon le critique d’art Pierre Restany, il transmet à son fils Jean (né en 1954) « une intelligence de la main venant (…) valider les constructions de l’esprit, et raviver l’héritage des maîtres du passé ». Lequel use à son tour de la taille directe pour explorer le domaine de la science des fluides, en exprimant la forme des turbulences impalpables dans le minéral qui en conserve la mémoire.
www.maisondesarts-antony.fr
TAILLER LA MATIÈRE

© DR
Dans une autre vie, dans sa Turquie natale, Coskun a été comédien et graveur. Faut-il voir dans cette généalogie la puissance d’expression corporelle et les deux faces – tragique et comique, sensuelle et brutale – de son travail ? C’est ce que suggère Laurence d’Ist, commissaire scientifique de la double exposition Coskun, expression directe que la ville lui consacre dans ses deux musées. Coskun travaille presque exclusivement par taille directe dans la matière : le bois qu’il écorche, découpe, hache, parfois jusqu’au cri ; et le bronze – ce qui est plutôt rare pour un matériau plus souvent coulé dans un moule. En résulte une figuration âpre aux traits archaïques et comme perpétuellement en mouvement. La regarder s’exprimer sur la même scène que les artistes de l’entre-deux-guerres ou dans le miroir imaginaire de Paul Belmondo, dernier portraitiste classique, fait saillir les singularités de Coskun. Sculptures du réel rebroussant le chemin de l’abstraction pour renouer avec la représentation de l’autre, ses pièces semblent exploser quand on les entrechoque visuellement avec « la carnation du sentiment » de Belmondo. Les deux faces d’une médaille, un théâtre à la fois expressionniste et baroque.
www.boulognebillancourt.com
IMAGES DE NOTRE MONDE

© Aurélie Scouarnec, Gwiskañ, Landivisiau, Danserien Lann Tivizio, Meliaj, Saint-Brieuc, 2023
Au moment où les jardins du musée départemental Albert-Kahn offrent au visiteur la douceur de la nature et la splendeur de leur aménagement, la deuxième édition de l’exposition-festival Mondes en commun vient ajouter dix excellentes raisons de s’y rendre : dix photographes internationaux, dix installations de leur travail – la plupart en plein air –, dix regards qui s’inscrivent dans l’héritage des Archives de la Planète et réactivent ainsi la notion d’inventaire chère à l’hôte des lieux. La géographie humaine, les traditions culturelles, la biodiversité s’y expriment à la manière d’aujourd’hui. Avec une mise en lumière particulière des deux co-lauréats de l’édition : Aurélie Scouarnec pour ses rituels du costume traditionnel breton, et Claude Iverné pour sa série au long cours sur le Soudan. À Boulogne, jusqu’au 7 septembre.
albert-kahn.hauts-de-seine.fr
MODERNE COMME L’ANTIQUE

© S. Tardy. Droits Fondation Arp
Désormais porteuse du label « musée de France », la Fondation Arp à Clamart accueille les visiteurs du vendredi au dimanche autour d’une nouvelle exposition : Arp mythique, Arp antique. Fermeture estivale après le 31 juillet puis reprise des visites fin août jusqu’au 23 novembre.
L’exposition bénéficie de la collection exceptionnelle dont la discrète fondation d’artiste assure la conservation et la diffusion, selon les souhaits de Jean Arp (1886-1966) alors au crépuscule de sa vie. Son intitulé même – Arp mythique, Arp antique, le regard d’un artiste moderne sur les civilisations anciennes – suffit à renseigner sur ce que nous allons regarder : pas seulement l’œuvre d’un maître du XXe siècle, associé au mouvement Dada et au surréalisme, évoluant avec sa première épouse Sophie Taeuber dans un espace artistique plutôt germanique. Mais un artiste profondément nourri par la science et les arts de la Grèce antique, puisant chez les sculpteurs, les philosophes et les dieux de quoi se constituer un répertoire et peupler son panthéon imaginaire. Au-delà de la Grèce, c’est tout le monde méditerranéen – et plus loin encore – qui fabrique les grands mythes sur lesquels Jean Arp travaille. À travers les figures égyptiennes, les vénus préhistoriques ou les idéogrammes de l’île de Pâques, il invente ses propres idoles pour servir les thèmes essentiels de son art : la nature, la naissance et la métamorphose.
www.fondationarp.org
LES DÎNERS DE L’AMBASSADEUR

© DR
Alors que la grande exposition Atala 1801 poursuit son voyage illustré au cœur du roman jusqu’au 28 septembre, la Maison de Chateaubriand consacre une « exposition-dossier » à un profil moins connu de l’écrivain romantique : celui d’ambassadeur à Rome où il fut nommé en 1828 par Charles X et résida quelques mois. Sans mission internationale d’importance, Chateaubriand s’enchante de retrouver Rome et ses ruines antiques, d’entrer au Vatican et de fréquenter les salons de l’aristocratie. Pour hausser plus encore le prestige des dîners à l’ambassade, le roi lui fit porter un précieux service en porcelaine de Sèvres à motifs floraux, dont la Maison de Chateaubriand expose quelques pièces dans la bibliothèque jusqu’au 14 septembre.
vallee-aux-loups.hauts-de-seine.fr
DOMAINE ROCK

© Olivier Hoffschir
Depuis plus de vingt ans au Domaine national de Saint-Cloud, l’un des plus grands festivals rock de France est devenu un rendez-vous attendu à l’échelle européenne. Rock en Seine, du mercredi 20 au dimanche 24 août.
La première édition de Rock en Seine, en 2003, programmait sur une journée Massive Attack, PJ Harvey, Beck et une poignée d’autres à la Grande Cascade. Le format s’est rapidement avéré un peu chiche pour accueillir tout le monde, aussi les journées et les scènes se sont-elles multipliées à mesure de la renommée grandissante de l’événement. Tous les records ont été battus l’année dernière avec 182 000 personnes sur cinq journées – dont la première à guichets fermés autour de la diva Lana Del Rey. Les fidélités font partie de l’esprit du festival : Massive Attack et PJ Harvey étaient de nouveau là en 2024 ; le premier passage du trio anglais London Grammar, qui fait l’ouverture cet été, date de l’édition 2022 ; et si l’on remonte dans les archives, c’était il y a vingt ans, en 2005, que les Queens of the Stone Age de Josh Homme décrassaient pour la première fois les amplis du Domaine national. Ils font partie des quatre-vingts concerts prévus cette année, de la soul de Jorja Smith à l’électro de Justice, des Américains pop de Vampire Weekend aux Irlandais énervés de Fontaines DC. Avec un coup de cœur pour les ambiances inquiètes de Sharon Van Etten & The Attachment Theory.