Championne du monde en 2017, la handballeuse a rejoint cette saison Paris 92 pour donner un nouvel élan au club de ses débuts.
Paris 92, pour Allison Pineau, c’est un peu la maison. C’est à Issy-les-Moulineaux, au sortir du sport-études, que la demi-centre internationale a fait ses débuts dans une équipe qui évoluait déjà en Ligue féminine, la division d’élite. « J’en garde de bons souvenirs, c’est là que j’ai pu me révéler et m’exprimer », se souvient-elle. Une période de 2006 à 2009 qui a aussi coïncidé avec son entrée en équipe de France senior, avec le succès que l’on connaît : championne du monde en 2017, d’Europe en 2018, la meneuse de jeu a contribué à écrire l’histoire de son sport.
C’est à Aubervilliers, à la toute fin des années quatre-vingt-dix, que ses prédispositions avaient une première fois été remarquées lors d’un séjour sportif organisé par la ville. « Le coach de l’équipe phare, qui évoluait alors en deuxième division, ce qui n’était pas mal, était aussi éducateur. Selon lui, de grandes mains pour jouer au handball, c’était bien… ». De grandes mains et bientôt une grande taille – 1,81 m. Alliées à sa lecture du jeu et à son autorité naturelle, ces qualités lui ont valu d’évoluer jusqu’ici au sein des plus grands clubs européens : Metz, Ramnicu Valcea (Roumanie), Skopje (Macédoine), Ljubljana (Slovénie), Nîmes, Baia Mare (Roumanie) et dernièrement Brest.
Retrouver la sérénité
Dans le Finistère, sa saison précédente a cependant été marquée par des tensions avec les dirigeants et une mise à l’écart – épisode qu’elle considère désormais comme « du passé ». Pour retrouver la compétition, contre toute attente, elle a choisi de revenir dans son club formateur. « J’aurais pu repartir à l’étranger dans un club de Ligue des champions mais c’est une année qui s’annonce très chargée : j’ai de grands objectifs avec l’équipe de France et je voulais retrouver de la sérénité. D’ailleurs, jusqu’ici, reculer pour mieux sauter m’a toujours réussi », affirme-t-elle. Ce choix la rapproche aussi de sa famille et de Paris : « Il y a dix ans que j’ai quitté Paris. J’apprécie cette ville, son patrimoine culturel et la vie sociale qu’on peut avoir en dehors ». Pendant qu’elle parcourait la France et l’Europe, le club des Hauts-de-Seine, trois fois vice-champion en Ligue féminine, vainqueur d’une Coupe de la Ligue, a eu lui aussi ses heures fastes. Avant de vivre une descente aux enfers en 2018-2019, en devant disputer pour la première fois son maintien à la fin de la saison. Avec ce recrutement, les dirigeants ont voulu prendre un nouvel élan, comme si le club et la joueuse entamaient une reconstruction commune. Objectif affiché : jouer à nouveau les play-off (tournoi après la saison régulière dont l’enjeu est le titre de champion NDLR) et « plus si affinités », glisse Allison. « Avec le coach, Yacine Messaoudi, il y a eu une envie mutuelle de travailler ensemble ; une nouvelle page s’ouvre avec un nouveau staff et une équipe jeune », poursuit celle qui, à trente ans, fait un peu figure de « grande sœur » pour ses coéquipières. « C’est un groupe adorable, avec des filles qui en ont dans la tête et un bon état d’esprit. J’aime leur transmettre mon expérience et leur expliquer les ficelles du métier. » Alternant défaites logiques contre les plus gros comme Metz, Brest ou Nantes et victoires, l’entame de saison ne la déçoit pas : « On est là où on doit être, on est encore en construction », juge-t-elle.
Mondial, Euro et JO
En dehors des parquets du palais des sports Robert-Charpentier, elle consacre du temps à l’équipe de France, dont le calendrier s’annonce chargé dans les mois qui viennent : championnats du monde en décembre prochain à Tokyo, suivis, toujours à Tokyo, des Jeux Olympiques en juillet-août avant l’Euro à la toute fin 2020. « L’objectif à court terme c’est le Mondial, pour l’Euro on va chercher à se qualifier dès mars prochain afin dégager du temps pour préparer les JO », détaille-t-elle. Bien partie, la France a déjà remporté ses deux premiers matches de qualification face à la Turquie et à l’Islande. Mais la médaille olympique, seule manquante à son palmarès, reste l’objectif ultime d’Allison. « On ne peut pas dire que ça me fasse rêver car je l’ai ratée une fois de peu. J’ai des sentiments mêlés. On se souvient de ceux qui ont gagné les titres, pas de ceux qui ont participé à la finale », dit-elle dans un souffle avant de partir pour l’entraînement.
Pauline Vinatier