Pour finir en beauté l’année Beethoven, Insula orchestra s’est reconverti en sujet de roman graphique. Une étonnante réussite.
C’était pas gagné, la rencontre entre Beethoven et Chloé Wary ! À 25 ans, la dessinatrice qui n’a ni froid aux yeux ni la langue dans sa poche avait enchaîné un album sur le droit des femmes à conduire en Arabie saoudite, et un autre sur le foot féminin, Saison des roses, prix du public au festival d’Angoulême 2020, pour lequel la supportrice du PSG s’était carrément mise à l’entraînement. Autant dire qu’on a fait les yeux ronds en apprenant qu’elle s’était glissée pendant un an dans les coulisses d’Insula orchestra pour suivre le travail de création du spectacle Pastoral for the Planet monté avec la Fura dels Baus. OK Boomer… tu dois rendre les armes : ce roman graphique est un petit bijou ! Par un dessin généreux, plein de moelleux et de virtuosité, et dans une scénographie qui déborde le cadre de la mise en page classique, les références étonnantes sonnent juste et les rencontres avec les artistes sont plus vraies que nature. « Il faut développer la quantité de connaisseurs. La musique sert à relier les humains entre eux », s’exclame Beethoven dans le T2. C’est à se demander s’il ne fallait pas être amatrice de rap en sneaker pour dire aussi bien la force universelle du compositeur et la faire partager à de nouvelles générations – sans rien cacher pour autant des tensions du projet. Beethov sur Seine (160 p., 18 Ä, éditions Steinkis), c’était peut-être pas gagné sur la feuille de match, mais sur le terrain, hat-trick Miss Wary !Dessin : © Chloé Wary