À l’horizon 2023, le T10 sera mis en service dans le sud des Hauts-de-Seine. Après la pose des premier rails fin 2020, l’ensemble du tracé est désormais en travaux.
Des ouvriers qui s’activent, des machines qui progressent dans toutes les directions. Une plateforme qui se dessine au centre de la chaussée et tracera bientôt un L à travers le sud des Hauts-de-Seine. Avenue de la Division-Leclerc (RD 986), à Châtenay-Malabry et Paul-Langevin (RD2), au Plessis-Robinson, le chantier du T10 bat son plein. Malgré un démarrage perturbé par le premier confinement, l’objectif reste une mise en service courant 2023. « L’ensemble du tracé est à présent en travaux. Après une montée en puissance en 2020, 2021 et 2022 seront les années du grand boom, explique Mathieu Pimor, adjoint au chef de projet T10 au Département, co-financeur du projet avec l’État et la Région et maître d’ouvrage avec Île-de-France Mobilités. Nous entamerons les finitions à partir de la mi-2022, l’activité commencera alors à décroître. » En se retirant, le chantier dévoilera un environnement transformé, tout comme le quotidien des 175 000 habitants et des 65 000 salariés des quatre communes desservies.
Sur un peu plus de huit kilomètres et quatorze stations, le T10 doit relier en une vingtaine de minutes la Croix de Berny, à Antony, et la Place du Garde, à Clamart, par Châtenay-Malabry et Le Plessis-Robinson. « Ce projet, très attendu, vient désenclaver le Sud des Hauts-de Seine, souligne Isabelle Debré, vice-présidente du Département en charge des transports. Il est une nouvelle illustration de l’engagement du Département qui pourtant, n’en possède pas la compétence, à investir massivement dans le domaine stratégique des transports, déterminant pour la qualité de vie des habitants. » Contrairement au bus, le tramway n’est pas tributaire des aléas de la circulation car il circule sur une voie dédiée et a la priorité aux feux. Cette grande régularité encouragera le report de la voiture vers les transports en commun. Complémentaire du T6, inauguré en 2014, le dixième tramway d’Île-de-France favorisera les déplacements entre les quatre communes mais aussi de banlieue à banlieue et vers Paris grâce à deux correspondances majeures, l’une au terminus de la Croix de Berny – RER B, bus TVM -, l’autre à l’hôpital Béclère avec le T6. Initialement, ce nouveau tramway devait rejoindre, au nord, Place du Garde, à Clamart. Les treize premières stations seront mises en service en 2023, le dernier tronçon nécessitant des études supplémentaires. « Ce tronçon est suspendu en l’attente des études engagées par le Département, la Région et l’Etat pour confirmer la faisabilité et les conditions d’un prolongement vers une gare de la ligne 15 du Grand Paris Express », explique Isabelle Debré. Un tel prolongement donnerait une portée encore plus grande au T10, en assurant une correspondance directe avec le métro et le réseau de la SNCF. » Les premiers résultats sur la faisabilité d’une connexion en gare de Fort d’Issy-Vanves-Clamart ou d’Issy RER sont attendus pour la fin de l’année.
Boulevard urbain
En amont du chantier, le terrain a été soigneusement préparé. Dès 2017 le Département a coordonné les dévoiements de réseaux – eaux pluviales, usées, électricité, gaz, télécoms – situés sous la future plateforme. Puis il a opéré de la reconstruction du pont routier de Châtenay-Malabry, au-dessus d’une voie TGV, « ancien, pas assez solide ni assez large pour le passage du tram ». Lancés fin 2019, les travaux de la ligne ne se limitent pas à la plateforme : « Le T10 est aussi un grand projet d’aménagement urbain, explique Mathieu Pimor. C’est l’ensemble de l’espace public qui doit être requalifié, avec une remise en état complète de façade à façade. » Le futur boulevard urbain fera place à tous les usagers : automobilistes, cyclistes qui bénéficieront d’un itinéraire continu le long du tracé, jalonné d’arceaux vélos, piétons, qui emprunteront des trottoirs plus larges au mobilier urbain renouvelé. Dans le sillage du T10, la ville va aussi gagner en végétal. Outre la replantation des arbres d’alignement, sont prévues plusieurs ponctuations jardinées, carrefour de la Libération au Plessis-Robinson, ou carrefour du 11-Novembre-1918 à Châtenay-Malabry. L’engazonnement de la plateforme apportera une touche de verdure supplémentaire.
Dans la conduite des travaux, l’objectif est d’avancer aussi rapidement que possible en limitant les nuisances. Selon une méthode éprouvée : « On intervient d’abord d’un côté de la chaussée, puis de l’autre, puis sur la partie centrale, enfin sont réalisées les finitions. Ce jeu de bascule permet le maintien des circulations piétonnes et automobiles tout au long du chantier ». En complément, le Département déploie un agent de proximité auprès des riverains. « J’explique ce qui va être fait, quand et comment. Je rassure beaucoup. Les habitants m’interrogent sur le planning des travaux mais aussi sur la mise en service : la plupart sont impatients de voir arriver le tramway », raconte Aline Berrard. Les commerçants sont accompagnés quand le chantier arrive sur leur pas de porte. « Ce sont les plus inquiets. Avec les chargés d’opération, nous garantissons la visibilité et l’accessibilité des boutiques et nous les informons sur les problématiques de stationnement. »
Rail après rail
Côté infrastructure, un cap majeur a été franchi en fin d’année dernière avec la pose et la soudure de quelques dizaines de mètres de rails sur la plateforme. Un linéaire qui progressera significativement en 2021 grâce à des opérations menées sur trois fronts – seize mille rails et vingt mille traverses doivent être posés au total. À proximité de l’atelier-garage de Châtenay-Malabry, la future piste d’essai est prioritaire. « Les premières rames arriveront à partir de l’été 2022. Les essais se dérouleront dans la foulée au sein de l’atelier-garage mais également sur ce tronçon de quelques centaines de mètres », précise Thomas Rosenbaum, chargé de projet du tram T10 chez Île-de-France Mobilités. Cette piste permettra de tester l’accélération et le freinage des véhicules. » Parallèlement aux travaux de plateforme, sont mis en place les poteaux de la ligne électrique, les systèmes nécessaires au fonctionnement de l’infrastructure et les quais des stations qui verront passer les élégantes rames « lumière » dont le design avait été choisi par les futurs usagers. Enfin, chantier dans le chantier, piloté par Île-de-France Mobilités, celui de l’atelier-garage. Cette « Maison du T10 » abritera les espaces de remisage, d’entretien et de maintenance des treize rames et le poste de commande centralisé de la ligne. Pour favoriser l’intégration du bâtiment dans son environnement, l’accent a été mis sur la qualité architecturale et sur ses performances énergétiques. Sa façade sera parée de lames de terre cuite et de baies vitrées, le bâtiment sera aussi chauffé par géothermie.
Responsabilité environnementale
Des mesures environnementales accompagnent ce chantier. Les travaux ont ainsi été adaptés en fonction de la flore, de la faune et des habitats naturels : coupes en dehors des périodes de reproduction, abris pour les hérissons, dispositifs de protection des amphibiens… D’autre part, pour compenser le défrichage de trois hectares et demi en lisière de la forêt de Verrières – sur le site de l’atelier-garage – les deux maîtres d’ouvrage ont pris une série d’engagements. Tout d’abord le reboisement de douze hectares en Île-de-France. Ensuite une contribution au fonds stratégique du bois et de la forêt. « Il est capital que nos grands chantiers soient accompagnés de mesures environnementales. La prise en compte des impacts sur les milieux naturels est une préoccupation majeure du Département. Pour ce projet, les mesures prises sont très fortes », souligne Isabelle Debré. Enfin à Châtenay-Malabry, neuf hectares et demi de parcelles dégradées ont fait l’objet d’une restauration écologique, dans deux bois attenants, La Béguinière et Le Carreau. Diversification des essences, création de mares et d’espaces plus aérés créent des conditions favorables à la vie animale et végétale. Les premiers bilans sont encourageants avec, observe Mathieu Pimor « davantage d’espèces présentes qu’il y a deux ans. La création de milieux humides a par exemple permis de faire venir des tritons ». Durant trente ans ces espaces, ouverts depuis peu à la promenade, seront suivis et entretenus par l’opérateur Biodif pour le compte du Département.
Mutations urbaines
Stades, piscines, théâtres, cinémas, bibliothèques, établissements scolaires et d’enseignement supérieur comme le Creps d’Île-de-France, fréquenté par les sportifs de haut-niveau, domaines départementaux de Sceaux et de la Vallée aux Loups, hôpitaux… : les équipements desservis sont nombreux. « Les infrastructures de transport permettent l’accès aux loisirs, à la culture, à l’emploi. Elles participent au développement économique en attirant les entreprises », observe Isabelle Debré. Le vaste parc d’activités Novéos, à cheval sur Le Plessis-Robinson et Clamart, hérite ainsi d’un arrêt. « En ce moment, le télétravail prédomine. Mais en temps normal, la voiture reste le transport le plus utilisé car les collaborateurs apprécient de pouvoir se garer en pied d’immeuble, faute, parfois, d’alternative intéressante, explique Youssef Moustakil, vice-président du club des entreprises de Novéos. Avec le T6, certains s’étaient déjà reportés vers le tram, le T10 sera complémentaire car il arrive à l’autre extrémité du parc ». Le tramway accompagne aussi l’évolution du tissu urbain et, le long du tracé, les programmes tertiaires et d’habitat se multiplient. Des ensembles importants doivent voir le jour comme le quartier des Architectes, au Plessis-Robinson, ou l’écoquartier La Vallée, à Châtenay-Malabry. Autant de nouveaux habitants et activités et de nouveaux besoins de déplacement.
Pauline Vinatier
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