Voyage magique dans le temps au Musée français de la Carte à jouer à Issy, avec l’exposition Les Tarots enluminés, chefs-d’œuvre de la Renaissance italienne, à partir du 15 décembre.
Au-delà de la pratique divinatoire – ou plutôt en deçà puisque celle-ci ne serait attestée qu’au XVIe siècle et répandue bien plus tard – les tarots ont tout pour devenir objets de fascination. La dénomination mystérieuse des « lames » et des « enseignes », autrement dit des cartes et des couleurs ; les figures envoûtantes des atouts : la Tour, la Roue de Fortune, le Chariot, l’Impératrice ; la beauté des enluminures rendue plus précieuse encore par la fragilité des objets, destinés somme toute à taper le carton, fût-ce entre gens de bonne compagnie. En réunissant un Chariot, peint en Lombardie vers 1441-1444 qui appartient à la collection du musée, un Valet de Deniers et une Dame de Coupe du même jeu, prêtés par le Musée national de Pologne, l’exposition a constitué un noyau autour duquel s’agrège une suite gagnante peinte à l’or et à la gouache. Des liens subtils s’établissent entre les tarots et les manuscrits enluminés de Pétrarque. Un plateau rond peint par Lo Scheggia, ustensile offert à la jeune accouchée pour lui porter boissons et réconfort, rappelle que la richesse à l’époque savait joindre l’utile à l’esthétique. Visiter cette exposition à petits pas entre les prêts du Louvre, de la BNF et des musées étrangers, c’est comme remonter le temps et s’imaginer jouer cartes sur table au Quattrocento. Pour une fois, les enjeux dépassent la mise ! Coédité avec les éditions Liénart, un catalogue illustré est annoncé par l’historien Thierry Depaulis, commissaire scientifique de l’exposition, laquelle se tient jusqu’au printemps.
Photo : © Daniel Arnaudet / RMN-GP