À l’occasion du mois de l’économie sociale et solidaire, le Département a exposé sa nouvelle stratégie dans un domaine en plein essor au carrefour de plusieurs compétences départementales.
Projet solidaire ou pas, il faut d’abord convaincre. Devant un parterre attentif, Hafez Nefikha de KPMG tente cette comparaison : « C’est comme quand vous voulez séduire quelqu’un, vous n’avez qu’une seule chance et le temps est compté. » Rires dans la salle. Et de dérouler les étapes d’un « pitch » réussi : faire sa « proposition de valeur », énoncer sa problématique, présenter son marché, son équipe… Une intervention précédée d’un exposé détaillé sur les « financements à impact » social et/ou environnemental pour permettre à ces entrepreneurs sociaux d’identifier les business angels et autres investisseurs, publics ou privés, qui croiront en eux. L’organisateur de cette matinée n’est autre que le Département, mobilisé de longue date dans le champ de l’économie sociale et solidaire (ESS) « au croisement des solidarités et de l’attractivité, deux compétences exercées par notre collectivité », souligne Marie-Pierre Limoge, vice-présidente en charge de l’ESS, de la formation et de l’alternance. Si d’autres actions, comme le soutien aux structures d’insertion par l’activité économique ou l’inclusion de clauses sociales dans les marchés publics, sont par ailleurs menées, aujourd’hui l’idée est d’aller plus loin. « Face aux nouveaux besoins, face aux crises, nous devons compléter notre panel de réponses et innover pour trouver de nouvelles façons de développer les solidarités », souligne l’élue.
Progrès social
À l’occasion du mois de l’économie sociale et solidaire, une nouvelle feuille de route, en trois axes – « intégrant les dispositifs existants et les nouvelles initiatives à fort impact » – a donc été présentée. Le soutien aux initiatives ESS du territoire en est la pierre angulaire, avec le lancement d’un appel à projet, baptisé Progr’E.S.S, « pour faire du progrès social un moteur de l’innovation ». La première édition ciblera les produits, services ou événements répondant aux besoins de la vie quotidienne, en particulier des plus fragiles – se nourrir, s’habiller, se déplacer, se loger, travailler, se former… « À l’aune des crises successives et des fractures qui traversent notre société, c’est plus que jamais nécessaire », explique Marie-Pierre Limoge. Ouvert jusqu’au 6 février aux structures associatives ou agréées « entreprises solidaires et d’utilité sociale », il leur permettra d’obtenir jusqu’à 15 000 euros. Autre forme de soutien, indirect cette fois : la « matinée de financements à impact », organisée à la Paris La Défense Arena de Nanterre, le 22 novembre dernier, qui a permis à Mounira Juin, porteuse d’un projet d’upcycling solidaire, de gagner du temps en rencontrant plusieurs interlocuteurs. « J’avais besoin de connaître les attentes des investisseurs et financeurs pour adapter mon projet, explique cette Neuilléenne, passionnée de couture. Après trois rendez-vous en mode speed dating, on m’a conseillé de mettre davantage en avant la dimension sociale puisque je compte embaucher des femmes en difficulté. » Elle a désormais les idées plus claires sur la meilleure façon d’accéder aux financements, va être mise en relation avec un entrepreneur social cherchant à faire équipe, et pourrait rejoindre bientôt un incubateur de l’ESS.
Créer des synergies
Le suivi des projets et la sensibilisation du grand public à l’ESS sont deux autres axes de cette nouvelle stratégie. En matière d’accompagnement, il s’agit d’élaborer des parcours de formation et de mise en réseau avec des partenaires, en particulier les deux chambres consulaires – Chambre de Commerce et d’Industrie et Chambre de Métiers et de l’Artisanat – et de développer des outils « maison » – kit pratique, mise en réseau des structures d’insertion locales et des entreprises au sein d’un club Busin’E.S.S… Pour diffuser cette « nouvelle vision de l’économie porteuse de solutions concrètes sur ce que devront être nos futurs modes de production et de consommation », le Département mise aussi sur un Observatoire de l’ESS, envisage des rencontres inter-universités et grandes écoles, « moments d’intelligence collective », et compte faire découvrir aux jeunes de 14 à 25 ans les opportunités offertes par ce secteur, riche de 17 300 associations, 129 coopératives ou 108 fondations ou 53 structures d’insertion par l’activité économique… « Nous entendons agir sur tous les leviers à notre disposition, insiste Marie-Pierre Limoge. Le Département est pleinement légitime à s’investir dans ce domaine parce que nous sommes la collectivité de proximité et du quotidien, au carrefour de très nombreux acteurs et partenaires et que nous pouvons créer des synergies pour faire éclore les pépites de demain. »
Pauline Vinatier
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