Prévu pour 2026, le réaménagement par le Département de cet échangeur de grande envergure vise à fluidifier les déplacements et à faire une place aux piétons et aux cyclistes.
Par Pauline Vinatier
Sur cet ouvrage d’art entrelaçant ses bretelles en bord de Seine, le trafic est incessant. À la croisée de la RD 7 le long des quais, de la RD 910 vers Chaville, et de la RN 118, axe fréquenté du sud-ouest parisien, l’échangeur voit défiler 280 000 véhicules par jour, avec les caractéristiques quasi autoroutières qu’explique une construction en 1972. « C’est un équipement daté et qui souffre d’un manque de lisibilité, quelqu’un qui n’est pas habitué peut facilement s’y perdre, juge Philippe Caron, directeur des mobilités du Département. Il est compliqué pour les piétons et les cyclistes de s’y aventurer. » Ce projet majeur, d’un montant de 93 M€, vise à métamorphoser l’« échangeur routier » en un « échangeur urbain », où chacun « pourra choisir son mode de déplacement ». Après une première enquête publique en 2014, les travaux avaient dû être reportés, compte tenu de l’implantation de la gare de la ligne 15 Sud, en face sur la rive boulonnaise, un délai mis à profit par le Département : « La crise sanitaire nous a conduit à repenser notre conception des aménagements cyclables ; un partenariat a été noué avec le collectif Vélo Île-de-France qui nous apporte son expertise sur l’ensemble de Cœur & Seine. »
MODES ACTIFS
Sur le volet routier, la démolition du viaduc de la RN 118 vers la RD 7 nord et le comblement du souterrain nord/sud de cette même RD 7 visent à simplifier les flux. « On remet à plat la bretelle aérienne ; inversement le tunnel de la RD 7 est ramené en surface et le tout est branché sur un giratoire. La disparition des voies d’entrecroisement rendra les déplacements plus lisibles, sans impact significatif sur le trafic. » Les axes de circulation qui s’ensuivront prendront en compte les mobilités actives : alors que de nos jours, au vu de « l’environnement hostile », les piétons ne fréquentent les lieux que pour leurs correspondances, à l’avenir ils bénéficieront de trottoirs élargis, de traversées sécurisées et d’une mise aux normes PMR – revêtements plus confortables, pentes adaptées, ascenseurs de part et d’autre du pont. De là, l’itinéraire en direction de la promenade des Jardins, créée en 2024 par le Département, sera fluidifié et mis à niveau grâce à la suppression de la passerelle et de l’escalier actuels.
Deux kilomètres cyclables seront créés. « La règle sera une séparation des flux piétons et vélos, soit en interposant un espace, soit quand ils sont contigus en différenciant les hauteurs. » La bande se distinguera aussi par un revêtement clair et « sera conforme aux règles de l’art », soit 2 à 2,5 mètres dans un seul sens, 3 à 3,5 mètres en bidirectionnel. Aux carrefours, les cyclistes bénéficieront de sas aux feux et de traversées dédiées. Le tout connecté aux autres aménagements Cœur & Seine, en particulier sur la RD 910 (début des travaux en 2026) et sur la RD 7 où une continuité cyclable est prévue le long du parc de Saint-Cloud (2027). Ces cheminements se poursuivront de l’autre côté du pont, jusqu’au pôle gare de Boulogne (bus, ligne 9 du métro), dont la refonte est en cours par le Département, qui bénéficiera d’espaces publics « pensés pour l’intermodalité avec des stationnements vélo pour se garer facilement » et sera connecté au parvis de la gare du Grand Paris Express.
La mise à bas du viaduc, en rétablissant les vues sur la Seine, mais aussi la suppression du giratoire et du parking devant la Manufacture de Sèvres, monument classé abritant la Cité de la Céramique, associée à un déplacement du tracé de la RD 7 vers le fleuve, métamorphoseront le paysage. À cet emplacement verront le jour un nouveau parvis et un jardin à la française de 7 000 m2, de manière à changer la physionomie de l’entrée de ville. L’infrastructure sera généreusement végétalisée, y compris au sud du pont, devant la zone d’activité de la Cristallerie, où les bouquets de verdure actuellement cernés par la circulation seront retravaillés et gagneront en superficie.

AGENTS DE PROXIMITÉ
Après des préparatifs cet automne, les grands travaux débuteront en 2026 pour quatre ans, en six grandes étapes. « Ce phasage vise à réduire autant que possible les perturbations, explique Philippe Caron. Il conditionne d’autre part celui d’autres chantiers Cœur & Seine, en particulier la place Clemenceau à Saint-Cloud, située également sur la RD 7 » (transformée à partir de 2026 en place arborée, porte d’entrée du futur Musée du Grand Siècle, Ndlr). Les bretelles seront fermées au fil de l’avancement des travaux et des déviations mises en place alors que la communication s’intensifiera auprès de tous les usagers. « Outre les automobilistes, les piétons et les cyclistes en chemin vers le pôle gare de Boulogne et dans l’autre sens vers la Cristallerie ou le centre de Sèvres seront eux aussi impactés, prévoit Émilie Guillaudeau, chargée de communication et de concertation au Département. Ils pourront s’informer auprès de nos agents de proximité qui feront remonter d’éventuels problèmes. » En cours depuis 2023, le déplacement des réseaux souterrains (télécoms, électricité, gaz, eau) mais également la création de la Promenade des Jardins en amont de l’échangeur, auront servi d’introduction à cette réorchestration d’une tout autre ampleur.
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