2025 verra la montée en puissance de l’opération Cœur & Seine. À l’horizon 2030, l’objectif est de révolutionner les déplacements et le cadre de vie dans cinq communes riveraines du fleuve.
Par Pauline Vinatier
Entre les ponts de Suresnes et de Sèvres, ce projet conjugue la force d’entraînement de douze opérations articulées entre elles pour agir sur le paysage urbain des bords de Seine. Des quais aux ponts, en passant par les entrées de ville, elle porte sur un patrimoine départemental étroitement lié au fleuve qui lui donne sa dénomination : Cœur & Seine. À l’horizon 2030, l’objectif est la création « d’espaces publics durables », où chacun a sa place, et la mise en cohérence de tous les modes de déplacement. « Ces opérations qui se répondent les unes aux autres ont toutes les mêmes caractéristiques : une rénovation complète de la voirie, une place plus grande faite aux mobilités douces sans pour autant bannir la voiture. À terme, le cadre de vie sera rénové et chacun pourra choisir librement son mode de déplacement », résume Philippe Caron, directeur des mobilités du Département.
CHANGER L’ÉCHANGEUR
Soumises à enquête publique préalable, trois opérations d’intérêt général prendront place rive gauche. Première lancée à l’été 2025 et pour cinq ans, la modernisation de l’échangeur de la Manufacture, nœud routier voyant défiler aux abords du pont de Sèvres plus de 280 000 véhicules par jour, actuellement « illisible » : « À certains endroits, même à pied, il est quasiment impossible de passer. Demain, on aura des aménagements sécurisés, des trottoirs, des promenades, des pistes cyclables et un parvis végétalisé mettant en valeur le musée de Céramique, connecté avec la promenade des Jardins, à Sèvres. » Suivront en avril 2026, la requalification en boulevard urbain de la RD 910 sur près de quatre kilomètres entre ce même pont de Sèvres et Chaville à la limite avec les Yvelines – avec des abords végétalisés, des circulations douces et des déplacements motorisés plus fluides – et simultanément, à Saint-Cloud, l’aménagement de la place Clemenceau, porte d’entrée du futur musée du Grand Siècle, en cours de construction. Sans oublier une intervention pour ajouter des kilomètres au Plan Vélo départemental. « À ce moment-là, il y aura moins de circulation sur le barreau situé entre les ponts de Sèvres et de Saint-Cloud, observe Philippe Caron. L’objectif est de profiter de ces travaux pour créer la piste cyclable qui manquait le long du parc de Saint-Cloud. »
LIMITER LES NUISANCES
Ce calendrier millimétré est la clé de voûte de l’ensemble. Avec de multiples chantiers se chevauchant, qui plus est sur des axes de circulation majeurs, l’enjeu était de minimiser les nuisances. « Regrouper les projets permet de limiter l’étalement des travaux et d’avoir un effet global. De ce fait, les chantiers deviennent dépendants les uns des autres. Ils ont été ordonnancés de façon à réduire l’impact sur la vie locale et sur la circulation. » L’enchaînement a été défini en concertation avec les nombreux partenaires (maires, territoires, services de l’État, Domaine national de Saint-Cloud, RATP, Société des Grands Projets…) et tient compte des autres maîtres d’ouvrage intervenant sur le domaine public. Si certaines opérations ont un effet local – la RD 910, la RD 907 dite Route de la Reine à Boulogne, la RD 985 à Suresnes avec la réfection de l’entrée de ville initiée en ce début 2025 -, d’autres devaient être coordonnées. Les réfections des ponts de Saint-Cloud et de Sèvres (ainsi que les travaux d’étanchéité du tunnel du T2 par la RATP) ont ainsi ouvert le bal dès 2024, en prévision des reports de trafic (RN 118 ou RD 7 vers RD 1) qui surviendront infailliblement du fait des travaux de l’échangeur. En ce premier trimestre, les travaux aux abords de la gare de la ligne 15 du Grand Paris s’intègrent dans ce même ordonnancement. « Il fallait attendre que les conditions de circulation soient revenues à la normale sur la RD 1 pour débuter le chantier de la Manufacture », précise Philippe Caron. Les opérations de l’échangeur et de la place Clemenceau sont « les plus complexes » et ont été réfléchies ensemble, phase par phase, en vue « d’éviter tout blocage ». La création de la place, dictée par le calendrier d’ouverture du futur musée à l’horizon 2026, sera associée à partir de 2028 au réaménagement des quais de Seine entre Saint-Cloud et Suresnes (RD 7) sur 3,3 km, valorisant les vues sur la Seine et le patrimoine historique.
Deux cent cinquante mille Alto-Séquanais vivent dans ce périmètre et des milliers de salariés s’y croisent. Sous le label Cœur & Seine, ces travaux faciliteront à terme les allées et venues entre le domicile et le travail mais pas uniquement, tant il est vrai qu’aux abords du fleuve, les activités de loisirs ne manquent pas. Faisant une large place aux aménagements paysagers et résiliente face au changement climatique, cette nouvelle voirie départementale permettra la desserte et la mise en valeur de la Vallée de la Culture, du musée départemental Albert-Kahn à La Seine Musicale et du Jardin du Design et des Métiers d’Art à la Manufacture de Sèvres, en passant par le nouveau musée du Grand Siècle.
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