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Posté dans DÉVELOPPEMENT DURABLE

LE DÉPARTEMENT ACCÉLÈRE DANS LES ÉNERGIES RENOUVELABLES

La collectivité mise sur son nouvel opérateur, la SEM-Énergies92, pour dynamiser la production locale d’énergie solaire et géothermique pour ses réseaux de chaleur et de froid. Pour les Alto-Séquanais, c’est la perspective d’une énergie plus décarbonée, à un prix maîtrisé.

Par Nicolas Gomont

 

Sans forcément le savoir, les Alto-Séquanais sont assis sur un réservoir d’énergies propres et locales, une ressource durable donc, et cependant loin d’être encore pleinement exploitée. En atteste un simple chiffre : les Hauts-de-Seine ne produisent que 3 % de l’énergie consommée sur le territoire ; le reste étant produit hors du département. Afin d’augmenter largement la part d’énergies renouvelables produite localement, le Département veut stimuler les investissements, en accompagnant les initiatives communales, encore trop dispersées malgré l’enjeu. C’est que le sujet touche non seulement à l’environnement mais encore à l’économie et au social, sur fond de cherté énergétique. Partant de ce constat, en tant que chef de file des solidarités, le Département a officialisé le 5 juillet la création de la SEM-Énergies92, après en avoir approuvé le principe, le 22 décembre. Il s’agit là d’une société dite « d’économie mixte locale » (SEML), ce qui apparente son statut à celui d’une SA avec un capital social doté de 1,5 M€. Aux côtés de la collectivité, ce sont quatre partenaires fondateurs qui vont agir en synergie et forger une alliance financière et technique à l’épreuve d’un défi : la Caisse des dépôts et consignations, la commune de Clichy, le syndicat d’énergie Sigeif et la Caisse d’Épargne. 

 

Des panneaux solaires équipent déjà le nouveau Stade départemental Yves-du-Manoir, à Colombes.© CD92/Julia Brechler

CHEF D’ORCHESTRE

« Nous voulons explorer toutes les possibilités offertes par le progrès technologique pour fournir aux Alto-Séquanais une énergie propre, locale et à prix maîtrisé », explique Georges Siffredi. En creux, c’est un nouveau futur qui se dessine. « Cette démarche fait partie intégrante de notre ambitieux Agenda 2030, pour un territoire plus résilient et durable », ajoute le président du Département. La démarche va donner un coup d’accélérateur à la transition énergétique – un enjeu d’intérêt général comme en témoignent les acteurs impliqués, à 70 % publics. « Nous devrons travailler à l’amélioration continue d’un mix énergétique toujours plus vertueux, insiste Georges Siffredi. L’électricité et la chaleur ainsi produites alimenteront un maximum de logements, de bureaux, de bâtiments scolaires, administratifs, sportifs ou encore culturels. » En position d’actionnaire majoritaire (60 %), dans le rôle de chef d’orchestre, le Département va pouvoir mettre à profit un atout de taille : son échelon territorial. Celui-ci est à la fois le plus légitime et le mieux dimensionné, tant pour donner un élan puissant au solaire et à la géothermie, que pour coordonner efficacement leur déploiement ; a fortiori, quand il existe un risque pour deux projets de se chevaucher. Ce peut être le cas, par exemple, à cause des ressources du sous-sol, qui naturellement ignorent les frontières administratives. Or, des raisons technico-juridiques peuvent restreindre les forages dans une même zone, ce qui peut léser certaines parties. « Il ne s’agit pas de créer des puits dans chaque commune, prévient d’emblée le président du Département, qui entend cimenter les relations entre les villes sur ces questions énergétiques. L’intérêt d’agir à l’échelle du département, c’est de savoir où les placer intelligemment, sans qu’aucun territoire ne s’en trouve privé. » 

UN POTENTIEL DE 1,1 TWH/AN

Pour l’y aider, une expertise sera fournie par un comité technique composé des services de l’État (Drieat), de l’Ademe, de quatre établissements publics territoriaux (EPT) alto-séquanais, des communes, de syndicats de l’énergie ou encore du bailleur Hauts-de-Seine Habitat. Ce gisement accessible depuis la nappe du Dogger – entre 1,5 km et 2 km de profondeur – dégage selon les prospections un potentiel prometteur de 1 TWh/an.
Dix nouvelles zones d’étude sont d’ores et déjà identifiées. De quoi alimenter en chaleur 90 000 foyers – et notamment des logements sociaux – à la faveur de nouveaux réseaux de chaleur (RCU) et de froid (RFU) ou de verdissement de réseaux existants. Sur la base d’une analyse étroite des besoins en chaleur, une cartographie a été mise à jour dans le sillage d’un nouveau schéma directeur, en cours de finalisation. Car le Département ne part pas de zéro. En plus des 28 RCFU opérationnels, maillant finement les zones les plus urbaines des Hauts-de-Seine, huit projets sont à présent en phase d’études (un pour Paris Ouest la Défense, six pour Vallée Sud Grand Paris et un pour Grand Paris Seine Ouest). Quant au potentiel photovoltaïque des grandes toitures et parkings, à défaut d’une répartition homogène, il promet d’être florissant. « Le Département mène là encore un travail d’analyse du potentiel du territoire, dit Georges Siffredi. Celui-ci pourra être utilisé pour alimenter le plan d’affaire de la société. » D’un premier diagnostic, ne tenant compte que des surfaces de plus de 1 500 m2, ressort déjà une estimation de l’ordre de 1,1 TWh/an – soit la consommation annuelle de 324 000 foyers alto-séquanais en électricité. 

PRÉCARITÉ ÉNERGÉTIQUE

Si une partie de l’électricité ainsi produite pourra être réinjectée dans le réseau – à un tarif fixé par ou avec l’État – l’autoconsommation sera privilégiée selon deux configurations : individuelle (consommation sur site et revente du surplus) et collective (via un contrat de fourniture d’énergie entre consommateurs et producteurs de proximité). « Source de performance et d’accélération de la transition énergétique, cette action sera ainsi mise au service de la qualité de vie et du pouvoir d’achat des Alto-Séquanais, dit Georges Siffredi. Elle participera ainsi à réduire efficacement la précarité énergétique, en fournissant une électricité à un coût optimal. » N’écartant aucune piste, la SEM-Énergies92 pourrait même élargir son champ d’intervention à des projets émergents, comme la méthanisation, la biomasse, mais aussi l’hydrogène ou encore la récupération d’énergie fatale. 

hauts-de-seine.fr

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