Signe d’un engouement croissant, les compteurs répartis sur le réseau alto-séquanais voient passer en moyenne un million de cyclistes par mois.
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LE DOMAINE CYCLABLE ÉTEND SA TOILE

Le Plan Vélo 2022-2028 du Département, parmi les plus ambitieux d’Île-de-France, vise à adapter son patrimoine routier à l’essor des nouvelles mobilités. Le réseau, déjà long de plus de 200 km, témoigne d’un déploiement à vive allure.

Par Nicolas Gomont

 

 

Le Plan Vélo témoigne d’une volonté d’améliorer le cadre de vie des Alto-Séquanais et de faciliter leurs déplacements du quotidien, explique le président Georges Siffredi. C’est un investissement de 150 M€ qui a un objectif : créer 120 km de voies cyclables, en innovant et en promouvant la pratique auprès des publics. » Du nord au sud et d’est en ouest, un tel déploiement va de pair avec la levée des ruptures urbaines, préalable à un domaine cyclable « sans frontières », fluide, relié aux réseaux municipaux et régionaux, sécurisé et apaisé. Affichant pas moins de 200 km, dont 37 km menés à bien dans le cadre du seul Plan Vélo, ce qui a été réalisé met le Département en bonne voie. « Nous avons accompli un tiers du chemin, preuve de la dynamique en marche, ajoute M. Siffredi. Tout ceci en fait un plan d’actions concret pour nos concitoyens, et la preuve que nous sommes engagés en faveur d’une transition écologique mais pragmatique. »

La collectivité s’engage d’autant plus que l’essor des mobilités durables paraît inexorable. En 2021, l’Insee établissait la part des trajets domicile-travail à vélo à 5 % en France, ce qui se traduit très concrètement à l’échelle alto-séquanaise par un réseau voyant défiler un million de cyclistes par mois : un bond de 10 % en à peine un an. Derrière les chiffres, un changement d’ère. « Ce qu’a révélé le Covid, avec des pics de fréquentations enregistrés par tous nos compteurs, c’est que le vélo était devenu un outil, non plus seulement de loisir à usage occasionnel, mais de mobilité quotidienne », souligne Thierry Dussautoir, chef du service des politiques et offres de mobilités. La portion faisant se rejoindre la porte de Clichy et la Seine figure au rang des plus plébiscitées, aux côtés de l’axe Neuilly-La Défense et du boulevard circulaire, sans oublier la RD 920 entre Antony et Paris. Non moins empruntée, la « corona piste » courant de Bagneux à Montrouge est en passe d’être requalifiée, de même que sa jumelle de Bourg-la-Reine, qui sera la prochaine à être sécurisée. Quantité de projets porteront bientôt la signature du Département : passation d’un marché pour l’aménagement de la RD 907 entre le pont et la Porte de Saint-Cloud à Boulogne ; début des études préalables pour la passerelle jouxtant le pont d’Asnières ; engagement des travaux pour une voie verte le long de la RD 2 en forêt de Meudon… À l’image de cette dernière, certaines actions sortent du giron des routes départementales – pistes en bordure d’autoroute, sur la contre-allée de la RN 13, sur la voie communale le long du Bois de Boulogne… – ou, à l’inverse, entraînent leur municipalisation après travaux.

 

Comme ici, à Courbevoie, allée Louis-Blanc, les pistes de nouvelle génération se démarquent des trottoirs et de la chaussée, pour plus de sécurité.© CD92/Willy Labre

 

PARTAGE APAISÉ

Si les voies cyclables ne datent pas d’hier, les attentes des usagers sont aujourd’hui différentes, à tel point que les sigles à même les couloirs de bus et les bandes mordant sur le flux des voitures sont déjà de l’histoire ancienne sur les grands axes. « Nous privilégiions auparavant les voiries où il était facile d’intégrer un marquage au sol, peu coûteux à mettre en place, mais elles étaient insuffisamment sécurisées pour s’y déplacer en famille, explique Thierry Dussautoir. Nous avons ainsi évolué vers des aménagements plus larges, lisibles, plus sécurisés, sans changement de côté… bref confortables. » À chacun son couloir est la règle en vigueur ; et ce qui vaut pour les véhicules vaut aussi pour les piétons, dont la tendance à emprunter les pistes, belles et pratiques, a trouvé sa parade. « Dès que c’est possible, nous les décaissons pour qu’elles soient plus basses, avec une bordure chanfreinée et une couleur de revêtement différente », précise Thierry Dussautoir. Pour autant, l’effet nudge, la barrière psychologique ainsi créée, n’est pas toujours suffisant. « Nous améliorons en parallèle les parties piétonnes, avec des trottoirs élargis, si les arbres d’alignement le permettent. Les passages piétons, démarqués de la chaussée comme un trottoir, incitent les automobilistes à ralentir : un gage de sécurité. »

C’est la configuration qui a été retenue pour la RD 106 autour du Stade départemental Yves-du-Manoir, bondée les soirs de matchs.
Avenue Marcel-Paul à Gennevilliers, la RD 911 se démarque elle par son cadre végétalisé plus agréable : entre les pistes et la circulation, des noues arborées infiltrent les eaux pluviales. « Dans beaucoup de projets, ce Plan Vélo est aussi l’occasion de végétaliser les voiries et les giratoires (à l’image du rond-point de la gare, à Garches) et de désimperméabiliser les sols, qui respirent et amènent de la fraîcheur. » Autre enjeu, et pas des moindres, réagencer l’espace public, sans opposer les modes de déplacement entre eux. Un travail d’équilibriste, nourri par les temps d’échanges avec les habitants et les concertations avec les mairies. Le but étant parfois de convaincre du bien-fondé de supprimer des files de circulation, par exemple. « Au bout du compte, ce sont des opérations lourdes, chaque projet nécessite ainsi 5 à 6 ans avant d’être mis en œuvre », souligne M. Dussautoir. Parmi les dernières réalisations, associant le Département à la Région, une portion de la ligne V4 Ouest du 4e réseau de transport francilien : le VIF, pour réseau Vélo Île-de-France. Son prolongement de Paris La Défense via la RD 914 à Nanterre mettra d’ici à 2027 Sartrouville à portée de bicyclette, avant Cergy et Poissy. Au global, neuf des onze lignes du VIF traversent les Hauts-de-Seine et constituent autant de ponts avec la capitale et les autres départements franciliens.

 

Afin de sceller leur nouveau partenariat, en juin, Georges Siffredi et Valérie Pécresse ont rejoint l’hôtel du Département à vélo, empruntant la piste de la RD 914 intégrée au réseau Vélo Île-de-France (VIF).© CD92/Willy Labre

PARTENARIAT STRATÉGIQUE

Les Hauts-de-Seine et l’Île-de-France ont signé, en juin, un partenariat stratégique. « Nous anticipons un triplement de l’usage du vélo au quotidien entre 2019 et 2030, explique la présidente de Région Valérie Pécresse. C’est pourquoi nous apportons 75 M€, sur les 150 M€ qui visent à créer de nouvelles pistes et surtout à résorber les coupures cyclables. » Consulté au même titre que l’association Valentin Haüy (aide aux personnes déficientes visuelles) et Les Paralysées de France, le Collectif Vélo Île-de-France, porte-voix de quarante-cinq associations d’usagers de Paris, de Petite et Grande couronnes, salue tant la bonne avancée du plan, que la qualité du travail accompli. « On ne peut que se réjouir de voir ces deux collectivités unir leurs forces pour aller plus vite sur le vélo, souligne Louis Belenfant, directeur du Collectif. Et ce, malgré le contexte budgétaire difficile, qui ne va pas faire disparaître la demande de sécurisation des cyclistes vis-à-vis de l’automobile, mais aussi des piétons vis-à-vis d’eux. » En surplomb des pistes, entre les bornes d’entretien et les stationnements vélos (7 118 places, dont des box, des abris simples et doubles…), mis en valeur par le label touristique « Accueil Vélo », c’est tout un écosystème que le Département s’emploie à bâtir. 

Carte dynamique des pistes cyclables à découvrir sur hauts-de-seine.fr/carte-des-pistes-cyclables-dans-le-92

 

LE « TOURNE-À-GAUCHE » EXPÉRIMENTÉ À BOURG-LA-REINE

Infusant l’ensemble de ses projets, l’innovation est présente dans le Plan Vélo du Département, choisi par la Sécurité routière et le ministère de la Transition écologique pour expérimenter cette année le « tourne-à-gauche ». Système déjà éprouvé en Europe du Nord et en Suisse, il consiste en un sas vélo réalisé à la moitié du carrefour, mettant les cyclistes tournant à gauche à l’abri des voitures venant d’en face. L’intersection de la RD 920 et de la RD 74 à Bourg-la-Reine, carrefour de lignes de bus, est le site retenu pour les premiers tests. Observations et comptage nourriront un rapport d’analyse dont la publication est prévue en octobre 2026.

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