Châtenay-Malabry, Clichy et Suresnes accueillent les trois piscines itinérantes du dispositif « Natation, Olympisme et Handicap » (NOHa). Ce nouveau programme éducatif et sportif du Département vise à renforcer l’apprentissage de la nage chez les jeunes, mais pas seulement…
Frites en mousse à la ceinture, petites roues pour une meilleure flottaison, un groupe de collégiens se jette à l’eau, sous l’œil vigilant de leur professeur d’éducation physique. « Pour débuter, on se concentre sur les rudiments, en mettant la priorité sur l’apprentissage du crawl et du dos, pour intégrer la respiration et le déplacement dans l’eau, explique Hélène Angelo, professeure d’EPS au collège Thomas-Masaryk de Châtenay-Malabry, dont trois classes de 6e profitent depuis octobre dernier d’un bassin d’un nouveau genre. Voilà au moins quatre ans que le collège n’avait plus accès à une piscine de proximité. Pourtant, savoir nager relève d’un enjeu réel : celui de pouvoir se baigner en toute sécurité et à leur âge, de pouvoir s’ouvrir les portes des colonies de vacances. » Au-dessus de la tête des enfants, telle une bulle protectrice face aux risées de vent, un barnum enveloppe le bassin composé de quatre lignes d’eau de 25 mètres de long.
Cet espace de baignade propose les mêmes standards qu’une piscine en dur.
Une solution clefs en main
Ces dimensions confortables permettent d’initier simultanément près d’une cinquantaine de baigneurs aux rudiments, mais aussi au plaisir de la natation et ce, dans une eau chauffée à plus de 28°C au moyen d’une pompe à chaleur dernière génération. « Au-delà des aptitudes sportives, savoir nager permet de prendre confiance en soi et suscitera peut-être des vocations pour que les jeunes rejoignent ensuite nos clubs de natation », explique Georges Siffredi, le président du Département qui a investi 7,5 M⇔ dans ce programme inédit en France à cette échelle. Avec sa zone de déchaussage, ses vestiaires, ses douches et ses casiers, cet espace de baignade innovant parce qu’entièrement démontable propose les mêmes standards qu’une piscine en dur, tout en étant adapté aux élèves en situation de handicap. « Le Département offre ainsi une solution clefs en main à l’ensemble des 36 communes du territoire : trois bassins déplaçables au plus près des besoins, un enseignement surveillé et la prise en charge du transport en car des élèves les plus éloignés », précise Rosemary Chevalier, chef du service développement à la direction de la Jeunesse au Département. NOHa vient ainsi compenser le manque de créneaux accessibles aux scolaires dans les piscines municipales, parfois forcées de les réduire face à la pénurie de maîtres nageurs qualifiés ou de les supprimer temporairement lors de la rénovation de leurs installations. « Ces bassins ont été imaginés pour résoudre un paradoxe, explique Lazreg Benelhadj, le président de Ligue Île-de-France de Natation, partenaire du dispositif. Les Hauts-de-Seine, département comptant le plus de licenciés en natation, est bien doté avec en moyenne une piscine par collectivité (hors réhabilitation-construction, NDLR). Mais c’est sans compter sur l’augmentation de la population alors que la création de nouveaux bassins est freinée par le coût de fonctionnement de ces équipements. Pourtant, inutile de construire un bassin ludique avec toboggan pour enseigner les bases du savoir-nager… » Afin de garantir un accès au plus grand nombre, le Département a tenu à ouvrir cet « outil de demain » en dehors du temps scolaire aux bénéficiaires de Vacan’Sports et du Secours Populaire, mais aussi les mercredis après-midi aux clubs dépourvus d’installation attitrée, aux villes et aux structures associatives, ainsi qu’à l’Union nationale du sport scolaire (UNSS). L’organisation est elle aussi partenaire de NOHa, au même titre que la Ligue régionale de natation.
Un maillage optimal
D’ici la fin de l’année scolaire, plus de 4 000 élèves issus de 37 collèges vont pouvoir bénéficier de 10 heures d’apprentissage et valider le cycle du « savoir-nager » compris dans le programme des collégiens de 6e. Au total, ce sont 8 000 jeunes Alto-Séquanais qui feront leur début en natation grâce à NOHa cette année, en incluant l’ensemble des publics éligibles. « Savoir nager est un savoir essentiel, et même un enjeu de santé publique, que chaque enfant de 11 ans doit pouvoir maîtriser, alors que près de la moitié des collégiens de 6e ne savent pas correctement nager dans notre pays, souligne Georges Siffredi. Nous contribuons, avec cette action innovante, à réduire drastiquement le risque de noyade, mais aussi à leur faire découvrir les plaisirs de l’eau et de la natation. » Pour un maillage optimal, les trois bassins du programme NOHa sont ouverts aux communes voisines de leur implantation : au nord à Clichy, au centre à Suresnes et au sud, avec la piscine de Châtenay-Malabry construite en un temps record – à peine trois mois – sur un site en reconversion et anciennement occupé par la faculté de pharmacie de la ville. « Ce programme éducatif et sportif se concrétise à Châtenay-Malabry, à quelques pas d’une piscine construite dans les années 1970 et sur le point d’être démolie, explique Carl Segaud, maire de la commune. L’activité natation fait donc de la résistance dans notre ville, qui continue ainsi de promouvoir les valeurs si essentielles du sport. »
Nicolas Gomont
hauts-de-seine.fr