L’Atelier Grognard, à Rueil-Malmaison, retrace avec Sempé son Itinéraire d’un dessinateur d’humour, du 8 novembre au 31 mars.
Son nom sonne comme un nom de plume, et pourtant il est bien le fils – adoptif – de M. Sempé, représentant de commerce à Bordeaux, ville à l’époque un peu lugubre, comme était la vie du jeune Jean-Jacques. L’exposition rétrospective que lui consacre l’Atelier Grognard réunit plus de deux cents dessins d’un « immense artiste qui a le sens de l’amabilité. » Ce qui est, dans notre monde, un privilège assez rare ; mieux, une noblesse. Depuis les premiers griffonnages sur le papier à en-tête de son employeur courtier en vins, les dessins de presse signés DRO – to draw, dessiner, un pseudonyme pour de bon cette fois –, la célébrité des albums du Petit Nicolas, qui sont dans les années soixante une histoire de mémoire et d’amitié partagées avec Goscinny. Et bien sûr le Sempé dont on croise la patte rêveuse, celle qui cherche plus le sourire poétique que le rire sarcastique, dans les pages de la plupart des magazines français jusqu’à celles du prestigieux New Yorker où il a signé plus de cent illustrations. Beaucoup des dessins exposés à Rueil, crayons rehaussés ou non d’aquarelle ou de gouache, sont demeurés inédits. Comment cela est-il encore possible avec pareille notoriété ? Parce que Sempé a dessiné, et dessine encore à 87 ans, tous les jours ou presque. En confiant, malicieux : « Le dessin est un enfer ! C’est fatigant, tout le corps travaille, on a mal aux yeux, au cou… » Mais il fait du bien aux bleus des mauvais jours.
Dessin : © Sempé