Un peu à l’écart du collège, trois ruches ont été installées pour initier les élèves à l’apiculture, dans le cadre du dispositif MéDDailles dédié aux projets de développement durable.
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LES CHANTERAINES, UNE ESCAPADE SUR L'EAU

Avec leur deux « D », les MéDDailles du développement durable incitent les collégiens à agir pour la transition écologique et énergétique à l’image des ruches installées au collège Rabelais à Meudon.

 

 

La pemière récolte de miel a eu lieu l’été dernier, tout le monde l’a trouvé délicieux, sourit Olivier Hamel, professeur de SVT au collège Rabelais à Meudon. Le rucher a été créé grâce à un parent d’élève, apiculteur amateur, qui a proposé ses services aux éco-délégués – nous en avons quarante ici – chargés de sensibiliser leurs camarades au développement durable. Le Département les forme et ils portent des projets liés à la biodiversité, à la réduction des déchets ou au recyclage, comme la création d’une friperie solidaire… » Au collège Rabelais, le projet a commencé avec trois ruches et sept collégiens. « L’an dernier, ils étaient une dizaine à venir, en général le vendredi, à l’heure du déjeuner », précise Olivier Hamel. Gabriel, en classe de 5e, inspecte le potager adjacent, où poussent vigne, sauge, céleri, fraises… : « Le cassis n’est pas encore mûr », remarque-t-il. Il enfile sa combinaison de protection toute blanche, ajuste l’élastique aux poignets et aux chevilles, positionne la capuche avec le voile et enfile ses gants, pour se diriger vers les trois ruches posées dans une clairière boisée, derrière le collège. Les abeilles bourdonnent, chargées de pollen et de nectar.

 

Une demi-douzaine de collégiens volontaires inspectent les ruches, en suivant les indications de l’apiculteur et des deux professeurs.© CD92/Stéphanie Gutierrez-Ortéga

Yoann Courant, le parent d’élève à l’origine du projet, donne les consignes pour cette séance après avoir vérifié que les élèves ont bien mis leurs combinaisons de protection : « Nous allons ouvrir les ruches et regarder le couvain. Les abeilles semblent très nombreuses, il va peut-être falloir faire une division. » Yoann a découvert l’apiculture il y a six ans : « J’ai eu le déclic lors de la Fête du miel à Clamart, nous avons fait une extraction manuelle de cire et j’ai beaucoup aimé. J’ai ensuite rejoint l’AMOP, l’Abeille meudonnaise devenue l’Association Apicole de l’Ouest Parisien. » À ses côtés, quatre professeurs se relaient pour encadrer les ateliers. Ils suivent aussi en parallèle une formation à l’apiculture, financée par le produit de la vente du miel de l’an dernier.

 

C’EST UNE ACTIVITÉ QUI ÉVEILLE LEUR CURIOSITÉ ET LES CANALISE, MÊME LES HYPER-ACTIFS S’APAISENT

Avec précaution, trois élèves et l’apiculteur soulèvent le toit de la ruche, un autre actionne doucement le soufflet de l’enfumoir qui endort un peu les abeilles et évite une attaque. Les collégiens soulèvent les hausses – comprendre les cadres dans la partie haute du corps de la ruche où les abeilles stockent leur miel. Ils inspectent le couvain, c’est-à-dire l’ensemble des œufs, larves et nymphes, protégés et nourris par les ouvrières. Un couvain bien développé indique une colonie en bonne santé. « Les hausses sont séparées du corps principal par une grille pour éviter que la reine n’aille y pondre : il faut s’assurer qu’il n’y a ni œufs ni larves dedans, car c’est là que nous récolterons le miel », explique Bruno Mazzucchelli, professeur d’EPS, un des quatre enseignants investis dans l’atelier qui se relaient durant les vacances d’été pour surveiller les ruches en l’absence des élèves.

 

Les apiculteurs en herbe apprennent à observer le couvain, c’est-à-dire l’ensemble des œufs, larves et nymphes.© CD92/Stéphanie Gutierrez-Ortéga

CONCENTRATION ET PATIENCE

Ce vendredi de mai, le couvain se porte bien et les hausses sont déjà bien remplies. Mais les abeilles ne sont pas encore assez nombreuses pour faire une division et créer un second essaim qui pourrait occuper une ruche vide. L’apiculteur décide d’ajouter une hausse. Capucine, en classe de 4e, se passionne pour le processus : « On m’a proposé de venir une fois, j’ai essayé et ça m’a plu. J’adore manipuler les rayons et comprendre ce qui se passe dans les alvéoles. » Timothé explique : « Le miel, ce sera pour le mois de septembre ». Ils ont appris qu’une abeille va butiner jusqu’à trois kilomètres autour de la ruche, qu’elle vit 42 jours l’été et plusieurs mois l’hiver, quand elle est au repos. Tous sont calmes et attentifs, leurs gestes précis et mesurés. « C’est une activité qui éveille leur curiosité et les canalise, même les hyper-actifs s’apaisent, se réjouit Olivier Hamel. La manipulation demande beaucoup de concentration, de patience et d’observation. Ils apprennent aussi à gérer leur appréhension car les abeilles peuvent toujours piquer, même à travers la combinaison. »

Les apprentis apiculteurs surveillent ce qui se passe à l’intérieur mais aussi à l’extérieur. L’année dernière, les abeilles ont en effet subi des attaques de frelons et ont préféré quitter la ruche. « Nous avons dû racheter un essaim et, cette année, nous avons installé des pièges à frelons, poursuit le professeur. Il a fallu aussi laisser pousser des herbes hautes devant l’entrée de la ruche pour empêcher les frelons de stationner devant. » Même si la récolte du miel est l’événement que tout le monde attend, les ruches demandent une attention constante tout au long de l’année. Pour les peindre, les nettoyer et ajuster l’espace l’hiver, afin de les repositionner isolées du sol, à l’abri du soleil et du vent et légèrement inclinées vers l’avant pour éviter l’humidité, source de champignons et de parasites. Puis avec le printemps et l’été, il faut ajuster la planche d’envol, ajouter des cadres, surveiller les rayons, et donc prévenir les attaques de frelons…

 

Ce mois-ci, c’est le miel qu’ils récoltent : « le meilleur, avec un léger parfum de romarin ».© CD92/Stéphanie Gutierrez-Ortéga

MOBILISER LES COMPÉTENCES

En septembre, c’est la récolte – une partie seulement, l’autre étant laissée aux abeilles pour se nourrir -, et la mise en pot : 100 kg l’an dernier. Les élèves récupèrent un peu partout des pots en verre. Ils enfilent gants, charlottes, surchaussures, et avec l’aide du cuisinier de la cantine, procèdent à la stérilisation des bocaux avant de les remplir en respectant les normes d’hygiène et de sécurité d’une cuisine professionnelle. Enfin, dans les semaines à venir, ils organiseront la vente : un moment qui ravit les parents mais donne également de la visibilité à leur engagement. Et c’est l’autre face du dispositif des MéDDailles : apprendre aux collégiens à mobiliser différentes compétences pour réussir leurs projets. Ils doivent se documenter, agir et convaincre leur entourage : professeurs, CPE, agents techniques, associations, acteurs locaux sont ainsi impliqués à leurs côtés, parfois en dehors du temps scolaire. Après deux premières MéDDailles d’or et d’argent pour deux autres projets, un potager et des cleanwalks (« des sorties de ramassage des déchets », Ndlr), le 17 juin dernier, lors d’une cérémonie à La Seine Musicale organisée par le Département, c’est une nouvelle distinction qu’ils ont récoltée avec leur miel. Témoin de leur engagement dans la transition écologique, elle brille en cette rentrée dans la vitrine dédiée dans le hall de leur collège. Un engagement à confirmer pour les élèves de 6e qui arrivent.

Laurence De Schuytter

 

141 « MÉDDAILLES » ATTRIBUÉES À 55 COLLÈGES EN 2025

Créées par le Département en 2020, les MéDDailles sont proposées aux collèges pour valoriser leurs projets écocitoyens. Le principe est simple : pour toute action concrète – de biodiversité, gestion de l’eau, recyclage des déchets, gaspillage alimentaire, santé et bien-être… -, les collégiens reçoivent une médaille. Ceux qui le souhaitent peuvent présenter leur projet dans une vidéo de trois minutes et concourir pour le Prix du jury décerné lors d’une cérémonie à La Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt. Le 17 juin dernier, 12 équipes ont ainsi défendu leur projet sur scène. Ils ont également attribué le « Coup de cœur Jeunesse » à la commune de Nanterre pour le réaménagement et la végétalisation du groupe scolaire Pablo-Neruda dans le cadre du Prix Hauts-de-Seine 2030 récompensant les projets de transition écologique des collectivités alto-séquanaises.

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