Sur les rangs pour disputer les Jeux d’hiver 2026, la gardienne et championne du monde Margaux Mameri étrenne sa casquette de coach, après avoir cofondé la première équipe féminine de l’histoire du Hockey Club de Meudon.

Elle est une sur un millier. À 15 ans, en sport-études à Chambéry, Margaux Mameri joint son nom au petit cercle des licenciées de hockey sur glace en France – une discipline à la fois célèbre et méconnue. Dans le droit fil de son frère aîné, défenseur en D2 à Anglet, l’adolescente chausse les patins et déclare l’état de siège. « Je me suis toujours sentie à ma place dans la cage », observe-t-elle. Sur la glace, son corps menu se présente dûment caparaçonné : contre toute attente, ces quinze kilos d’équipements lui procurent un sentiment de bien-être. « C’est même la tenue qui m’a convaincu au début et me faisait me sentir en sécurité. » Blindée, elle attire à elle des palets à « plus de 100 km/h » sans recenser la moindre blessure. « Je travaille mes réflexes avec des jeux de rebond, comme au squash, et mon explosivité sur de courtes distances par des sprints intensifs. »

UNE PLACE POUR DEUX

Comme à Copenhague en décembre, à Klagenfurt et Füssen l’été dernier, des stages en équipe de France prolongent ses séances en autonomie. En 2012, la sélectionneuse Nolween Rousselle est la première à la repérer, lui ouvrant la voie à deux championnats du monde en U18. Alternant élite et D1A, elle ne compte plus ses participations en senior, que ce soit sur le banc ou sur la glace. « En tant que gardienne, il n’y a qu’une place à prendre… On a moins d’opportunité que les joueuses de champ. » Dans l’ombre de Caroline Baldin, goal chaque fois titulaire, la bataille pour la succession se jouera entre elle et Justice Crousy-Théode. De pays à pays, son destin s’internationalise. Voulu et rêvé depuis toute petite, le Canada – une des rares ligues professionnelles féminines au monde – donne une première extension à sa carrière. « Le jeu, la culture sportive… tout était différent. Je ne m’y retrouvais pas. » En coloc’ avec Lore Baudrit, attaquante au Linköping HC et capitaine en équipe de France, elle ne reste pas plus longtemps – six mois – en Suède. « Je ne regrette pas ces expériences loin de la maison, mais la barrière de la langue empêche de construire des affinités profondes. Or, je suis sport co’ à 100 % ! » La Finlande et ses entraînements « très physiques » ajoutent à ces désillusions. Interdits chez les filles, la fédération borne les contacts au serrage, où l’on vient « coller son épaule contre celle de son adversaire plaqué contre la balustrade » et dérober le palet. Aspirant aux premières places, elle ajuste sa visée sur les Jeux d’hiver de Milan-Cortina en 2026. Son projet prend tournure, avec en février le TQO : le tournoi de qualification, pas son ultime chance. « Resteraient les JO de 2030 en France, mais ça me pousserait à plus loin… »

après, quand t’es championne du monde, tu es bien contente d’avoir sacrifié tout cela !

DE 14 À 57 ANS

À ses débuts, la native de Meudon fait la navette jusqu’à Cergy pour jouer les filles. « Il m’arrivait et m’arrive toujours d’être en mixité avec les garçons – les Comètes de Meudon en D3. » À son instigation, épaulée par le coach Kévin Arrault, une équipe féminine naît cette saison dans la constellation du Meudon Hockey Club, qui reçoit le soutien du Département. En phase de développement, l’effectif s’ouvre de 14 à 57 ans et se cherche du temps de glace sur une patinoire prise d’assaut. « Je suis coach quand je ne joue pas, c’est une nouvelle casquette mais mon expérience aide. » Détentrice d’un bac « aide à la personne », elle dit avoir « mis ses études de côté » pour vivre son sport à l’étranger. « Après, quand t’es championne du monde, tu es bien contente d’avoir sacrifié tout cela ! » Cette fille d’un père arbitre et ex-joueur de handball se dit soutenue par sa famille dans tous ses choix. 

Nicolas Gomont
Photo : CD92/Olivier Ravoire

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