Lauréats en mars du prix Chorus des Hauts-de-Seine, Rosa, François et Samuel de Ditter ont forgé une pop énergique et colorée aux accents punk et emportent l’adhésion par leur live irrésistible, où l’on danse et chante à l’unisson.

 

Une hydre à trois têtes ouvre Me Money & Politics, l’EP par lequel Ditter a fait irruption en 2023 dans le monde de la pop indé. « Cette hydre, c’est quelque part un peu nous, mais aussi le monde dans lequel nous sommes tous englués », explique Rosa, chanteuse, parolière et graphiste. La créature a plusieurs bouches pour ne pas se taire, de même que « Ditter » renvoie au troll d’un conte qui révèle à des villageois ce que ceux-ci refusent d’entendre. Le « village » des Ditter, c’est Montreuil et son bouillonnement créatif, où ils ont leur studio rempli de machines et d’instruments pour expérimenter dans tous les sens. De là est né Ditter, excroissance « stupide » à dessein du projet rock seventies de Rosa, Denys Roses, auquel s’étaient ralliés les deux musiciens, de vieilles connaissances de lycée.

Rosa se remémore l’enchaînement : « On avait besoin de s’amuser en se laissant un peu plus de liberté et on a commencé à se retrouver sur la musique de Ditter. » Le premier live est arrivé en remplacement d’une date de Denys Roses et leur énergie a plu, comme leur a plu la sensation de cette salle – le Motel à Paris, fermé depuis, déplorent-ils. En un éclair Ditter est passé de l’envers à l’endroit, sorte de « tatin » musicale en rien préméditée. « Sam est bien meilleur guitariste que moi mais je suis à la guitare et lui à la basse, ça participe du côté un peu absurde, raconte aussi François. Sans cela, on n’aurait sans doute pas eu le même son. »

 

DITTER NOUS A PERMIS DE LIBÉRER CE CÔTÉ SECOND DEGRÉ MOINS PRÉSENT DANS NOS AUTRES PROJETS, COMME SI L’ON S’ÉTAIT TROUVÉ DE NOUVEAU PERSONNAGES

COMME DES HYMNES

À la croisée de leurs influences pop, électro et rock, ils revendiquent une « pop combative » aux colorations changeantes, capable de faire danser, réfléchir et sourire. « Ditter nous a permis de libérer ce côté second degré moins présent dans nos autres projets, comme si l’on s’était trouvé de nouveaux personnages, même scéniquement », estime Samuel. Les rythmes et les toplines entêtants, les refrains à reprendre comme des hymnes qui donnent une impression d’insolente facilité ont été travaillés jusqu’à l’épure. Les textes vont également à l’essentiel pour passer au crible nos ressorts d’argent et d’ego : l’injonction à être heureux – Do Things Right -, le conformisme – Follow No One -, les violences sexistes et sexuelles – Cherche Pas – ou l’appel à reconnaître cette part de l’autre en nous, même la plus détestable – I Do Hate You (But I Do like You). Eux-mêmes se tournent en dérision dans leurs clips tandis que le thème titre et son « everything is politics » ne s’adresse pas seulement aux autres : « En écrivant cette musique, on a réalisé où était notre engagement et la responsabilité qui nous incombait. »

GROUPE DE LIVE

« Accident » parti pour durer, en deux ans, Ditter a assis son entourage professionnel et a pris appui sur des tremplins comme Le Chantier des Francos, le Club Avant Scène, le Fair et le prix Chorus, doté de 10 000 euros, somme qui financera l’achat de matériel pour perfectionner le live. « Ces tremplins nous ont fait connaître et ont été un vrai apport à la fois technique, de conseil et financier, estime Samuel. Chorus est le dernier, après on vole de nos propres ailes ! » Sur scène, où ils se produisent jusqu’ici assistés d’une simple drum machine, un cône de chantier bricolé en micro-mégaphone ajoute une touche « rigolote ». Lors de ce nouvel été de festivals à travers la France, la Suisse et la Belgique, ils distilleront des titres tout frais du deuxième EP annoncé pour l’automne, décrit comme « un peu plus mélancolique », toutes choses égales par ailleurs. « On est clairement un groupe de live. Donner de l’énergie et en recevoir, c’est salvateur ! dit Rosa. La scène, c’est le moment où l’on peut chanter et danser tous ensemble, se retrouver, partager des convictions qui nous rapprochent. »

Pauline Vinatier
www.instagram.com/ditter_theband

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