Le Printemps de la Sculpture propose, du 22 au 30 mars, une centaine de rendez-vous en accès libre pour tous et, le 26 mars, une journée spécialement destinée à la jeunesse.
Par Didier Lamare
Imaginons une enfant un peu maladroite, assise dans l’atelier où sa grand-tante modèle une silhouette en argile. « Je n’y arrive pas », dit la petite fille, gribouillant au crayon sur sa feuille de papier. « La sculpture, lui sourit la dame, c’est plus facile – elle veut dire plus accessible, même aux enfants un peu maladroits -, il suffit de suivre la forme avec ses mains ». Cette conversation imaginaire, c’est un peu celle que le Département entend tenir avec nous au cours de cette 7e édition du Printemps de la Sculpture. Car la sculpture, qu’on la regarde ou la pratique, est un art pour tous, les enfants devenus adultes, leurs enfants d’aujourd’hui qu’ils soient ou non adroits de leurs mains, les familles qui viennent régulièrement rendre visite à Rodin dans son musée et celles qui ne connaissent de Carpeaux que la place de La Défense.
La sculpture est à la fois un objet de patrimoine et un domaine de création qui ne se restreint pas aux salles d’exposition : la Vallée de la Culture des Hauts-de-Seine est une Vallée de la Sculpture, et ce n’est pas qu’une affaire de rime très riche car on pourrait, d’œuvre en œuvre, en matérialiser le contour et les reliefs, certains si remarquables qu’y convergent nos voisins, comme saisis par une irrésistible loi de l’attraction. Le patrimoine prend racine dès les premières collections de la famille Colbert dans son domaine de Sceaux ; il fleurit dans les ateliers sur un territoire où, déjà, les sculpteurs sont bien pourvus : Rodin à Meudon, les deux Paul – Landowski et Belmondo – à Boulogne, les invités de la Manufacture de porcelaine de Sèvres ; il se déploie dans les musées et institutions qui le sauvegardent. Le domaine de création est en renouvellement permanent. Pour ne citer qu’un exemple, Paris La Défense dont la collection en plein air ressemble à un arboretum de métal.
PARTENAIRES SOLIDAIRES
Exceptionnel par son principe – les villes, les lieux et les structures prennent en charge leurs propres animations, le Département pilote et soutient les activités transversales à destination des publics prioritaires, comme la jeunesse ou les personnes en situation de handicap -, le Printemps de la Sculpture réunit aujourd’hui 24 partenaires. Ils animent la sculpture de patrimoine et de création à la manière d’un spectacle vivant gratuit, qui sait se rendre interactif à l’occasion d’ateliers où tous peuvent mettre la main à la pâte. Les parcours, pédestres ou en circulation douce, sportifs et culturels, se prêtent à cette découverte, à l’exemple des « vélos-sculpture » qui combinent l’exercice du jarret et celui de la visite guidée, avec médiateur en chair et en os ou par l’intermédiaire d’un smartphone. L’année dernière, le Hangar Y à Meudon a rejoint la manifestation, avec une émouvante installation en plein air du plasticien Christian Boltanski, mort en 2021. Cette saison, c’est le tour du musée départemental Albert-Kahn avec, le 23 mars, un atelier de moulage en famille et une table ronde autour de la mémoire des sites archéologiques, pour clore la résidence artistique de Marina Mankarios. Il ne servirait à rien de dérouler ici la longue liste des plus de cent propositions où sont attendues près de 10 000 personnes, sur deux week-ends et une semaine : le site internet de l’édition 2025 le fait plus efficacement. Encore qu’on puisse attirer l’attention sur des lieux partenaires moins connus que d’autres, comme le musée Roybet Fould de Courbevoie, marqué par l’empreinte du sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux, ou le Mastaba 1 de La Garenne-Colombes, tout à la fois maison-musée et sculpture blanche de Jean Pierre Raynaud.
LE PRINTEMPS DE LA SCULPTURE ANIME LE PATRIMOINE ET LA CRÉATION À LA MANIÈRE D’UN SPECTACLE VIVANT, GRATUIT ET INTERACTIF.
LA JOURNÉE DE LA JEUNESSE
Entre les deux week-ends, le Printemps de la Sculpture ne fait pas relâche. Mieux, le mercredi 26 mars s’annonce au cœur des préoccupations culturelles, pédagogiques et solidaires du Département, qui le destine avec ses partenaires à la jeunesse de 6 à 25 ans, dans une série d’ateliers créatifs et d’expériences sensorielles, avec ce qu’il faut d’activités physiques pour se rappeler que la sculpture des choses commence par celle du corps. Sculptures de papier inspirées par l’art monumental au Domaine de Saint-Cloud, brûle-parfums sculptés au MUS de Suresnes dans les effluves de l’exposition « Ville de parfumeurs », sculpture textile au JAD, modelages gourmands en pâte d’amande et sculpture de fruits frais bons pour la santé, on n’en finirait pas. Sur l’île Saint-Germain, cette journée de la jeunesse s’inscrit l’après-midi dans l’orbite d’un symbole de la sculpture dans les Hauts-de-Seine : la Tour aux figures de Jean Dubuffet. Ce monument historique proprement monumental – 24 m de haut sur 12 de large -, propriété depuis 2015 du Département qui en a assuré la restauration et permis la réouverture, pourra être visité gratuitement les deux week-ends du Printemps de la Sculpture. Visité ? Oui, parce que la peau multicolore de l’immense sculpture revêt un labyrinthe intérieur secret, le Gastrovolve. Une ascension de plus de cent mètres de long, paisible par petits groupes accompagnés d’un adulte, une expérience méditative en noir et blanc, quelque chose comme la découverte dans la pénombre d’un fragile Lascaux extraterrestre.