AGRUMES MUSICAUX

© CD92/Olivier Ravoire
La 56e édition du Festival de l’Orangerie, du 13 septembre au 12 octobre, se partage entre le Château de Sceaux, musée départemental, le parc et bien sûr son lieu d’ancrage historique.
Après une édition 2024 « hors les murs », le festival revient à l’Orangerie à compter du 28 septembre, une fois achevés des travaux de restauration. Ce qui permet de varier les plaisirs : un concert de lancement le 13 septembre dans l’église Saint-Jean-Baptiste avec le quatuor de voix féminines Présages ; un week-end en plein air pour les Journées européennes du Patrimoine autour du bassin du Bosquet de Pomone, avec la formation « jazz d’aujourd’hui » du Trio H2O, violoncelle guitare batterie, puis les quatre frères et sœur originaires de Palestine constituant le Quatuor à cordes Galilée. Parmi la vingtaine de concerts proposés sous la direction artistique du pianiste et chef d’orchestre Jean-François Heisser – on entendra d’ailleurs son fils Charles – accordons-nous le droit à deux coups de cœur. Le récital vagabond combinant pièces du répertoire et improvisations du claveciniste Jean Rondeau, présenté dans le cadre de La Belle Saison le 4 octobre au château. Et, à l’Orangerie le 9 octobre, les intrigants lieder de Schubert transcrits et réinventés pour voix, violon, violoncelle et accordéon par le compositeur Bernard Cavanna qui fut des années durant l’âme fantasque du conservatoire Edgar-Varèse de Gennevilliers.
festivalorangerie.fr
NOUVELLES PROMOTIONS

© C-Y Nicolas
L’ouverture de saison à La Seine Musicale célèbre deux fois en une semaine les jeunes talents du classique. On commence le 19 septembre par la neuvième rentrée de l’Académie musicale Philippe-Jaroussky, promotion Schubert, avec un concert, gratuit sur réservation, en présence des quatre professeurs : Philippe Jaroussky, chant, Nemanja Radulović, violon, Anne Gastinel, violoncelle, Cédric Tiberghien, piano. On inaugure ensuite, les 24 et 25 septembre, la toute nouvelle initiative de Laurence Equilbey soutenue par le Département : Insula camerata, « une académie d’insertion professionnelle dédiée à la pratique historiquement informée sur instruments d’époque ». La trentaine de jeunes musiciens et les « anciens » d’Insula orchestra interprètent ensemble la Cinquième de Beethoven.
www.laseinemusicale.com
INDUSTRIE DE LA GOURMANDISE

© DR
Il était une fois un boulanger, inventif et malin, qui pressentait, derrière la rigueur sèche du biscuit de marin conservé au long cours, quelque chose de plus fantaisiste propre à satisfaire une clientèle bourgeoise. Nous sommes à Bordeaux au milieu du XIXe siècle, Jean-Honoré Olibet envoie son fils Eugène-Antoine à Londres s’initier à la révolution industrielle et rapporter des machines à fabriquer de la gourmandise. D’abord en 1872 à Talence, près de Bordeaux, puis à Suresnes en 1879. Deux autres usines suivront d’où sortiront les fameux sablés Demi-lune, vendus chez les commerçants de quartier. Le succès est immense, Olibet rivalise avec les Petits-beurre de Lefèvre-Utile, utilise à merveille le marketing moderne grâce à des réclames ambitieuses – d’un pavillon à l’Exposition universelle de 1900 jusqu’au Capitaine Haddock – avant que la grande distribution ne change la donne. La renaissance des biscuits Olibet au XXIe siècle est aussi celle d’une « entreprise à mission », grandie autrefois dans le Suresnes modèle de l’urbanisme social et engagée depuis 2023 dans le soutien à la transition écologique.
mus.suresnes.fr
EH BIEN, DANSEZ MAINTENANT !

© Julien Benhamou
Les pionniers du hip-hop s’étaient révélés artistes à part entière en montant avec Suresnes Cités Danse sur la scène du théâtre Jean-Vilar. Leurs successeurs jouent avec la frontière entre la scène et le public en proposant des spectacles où se rencontre le mouvement des uns et des autres. Ainsi Mehdi Kerkouche, chorégraphe et metteur en scène – que l’on présente souvent comme un enfant de la télévision et des réseaux sociaux – a-t-il imaginé son nouveau spectacle, sur une musique de Lucie Antunes, comme une invitation au public à se connecter aux danseurs. 360 : un spectacle panoramique sans gradins ni scène, pour huit danseurs et la communauté du public sur la pelouse du stade Maurice-Hubert à Suresnes, les 20 et 21 septembre.
www.theatre-suresnes.fr
DIALOGUE AVEC L’AFRIQUE

© Musée départemental Albert-Kahn
À partir du 14 octobre, le musée départemental Albert-Kahn nous invite à un voyage aller-retour entre le Dahomey des années trente et le Bénin d’aujourd’hui.
Le festival de photographies contemporaines Mondes en commun vient à peine de s’achever (le 7 septembre) que nous chaussons de nouveau les bottes de l’explorateur pour la troisième grande exposition du musée depuis sa réouverture. Bénin aller-retour. Regards sur le Dahomey de 1930 est à plus d’un titre une exposition singulière au sein des Archives de la Planète. D’abord parce que les plus de 1 000 plaques autochromes et 139 bobines de film, rapportées par l’opérateur Frédéric Gadmer, sont rarement présentées et que les films ont été numérisés en 4K pour l’occasion. Ensuite, cette dernière expédition avant l’extinction financière du projet n’a pas été initiée directement par Albert Kahn et son directeur scientifique Jean Brunhes, mais par un père de la Société des missions africaines de Lyon, Francis Aupiais, dans une démarche ambivalente de « reconnaissance africaine » et d’action missionnaire. Enfin, pour raconter ensemble cette histoire ethnographique partagée, le musée a souhaité donner la parole à des experts et des artistes béninois contemporains. Nous reviendrons dans notre prochain numéro sur cette exposition enrichie par d’importants prêts d’objets du musée du Quai Branly.
albert-kahn.hauts-de-seine.fr
LE MONSTRE DE SHAKESPEARE

© Jean-Louis Fernandez
Autant prévenir tout de suite les spectateurs du Théâtre 71 de Malakoff : ce Makbeth – avec un k qui en signe l’étrangeté – n’est fait ni pour les tièdes ni pour les docteurs ès théâtre élisabéthain. Du 5 au 7 novembre, l’équipe du Munstrum Théâtre s’en saisit à sa manière, réécrivant le texte pour y glisser des allusions à la folie contemporaine du pouvoir, portant des masques d’une commedia dell’arte apocalyptique, faisant jaillir l’hémoglobine de séquences coups de poing. La forêt qui marche a brûlé, les sorcières ont disparu dans les fumées, le roi gluant semble appartenir à la Maison Harkonnen de Dune… Avec une pointe aiguisée de rire grand-guignol pour rappeler que nous sommes au théâtre, monstrueux mais jubilatoire.
malakoffscenenationale.fr
LES MAGICIENS D’AUS

© Maclay-Heriot
Le sextet australien pop, rock et au-delà King Gizzard & The Lizard Wizard jouera une date unique en France le 5 novembre à La Seine Musicale.
King Gizzard & The Lizard Wizard (« Le Roi Gésier et le Magicien Lézard »), malgré la référence au Roi Lézard Jim Morrison, sent l’appellation « à l’arrache » quand il a bien fallu se trouver un nom…
En revanche, leur discographie pléthorique, insaisissable et animée d’une volonté obsessionnelle de se renouveler, échappe au chaos grâce à la qualité des musiciens. En 27 albums studio depuis 2012 – dont 5 en 2017 ! – et pas beaucoup moins d’enregistrements live, le groupe animé par le chanteur guitariste multicarte Stu Mackenzie travaille chaque fois un espace singulier : la contrainte de durée, la boucle infinie, les accords microtonaux orientaux, tous les genres du rock et leurs sous-genres assimilés, de la surf music au thrash, du garage à l’electronica. Énergiques, hypnotiques, psychédéliques, ils sont dans leur dernière métamorphose en date symphonique avec l’Orchestre Lamoureux sous la direction de Chad Kelly, claviériste britannique installé en Australie spécialiste des interprétations historiquement informées ! Qu’une telle musique de niches multiples puisse trouver un aussi large public et passer par la Grande Seine est particulièrement réjouissant.
www.laseinemusicale.com
L’ART DU PLASTIQUE RECYCLÉ

© DR
L’éco-anxiété de la plasticienne Angèle Riguidel se maquille derrière un sourire lumineux et des œuvres bariolées, bricolées, pleines de vie alors qu’elles sont constituées de nos résidus, nous qui consommons trop sans réussir à nous réfréner. Déchets sauvages, du 21 septembre au 14 décembre à la Maison des Arts de Châtillon, imagine trois écosystèmes immersifs : la mer aux coraux synthétiques, le jardin luxuriant en trompe-l’œil de rebuts, et une inquiétante forêt de plastique calciné où même les mouettes ne rient plus… « Je suis intimement convaincue que pour faire changer les modes de consommation, il ne faut pas passer par la culpabilité mais par des sentiments positifs. » Si seulement l’optimisme de l’artiste pouvait contribuer au recyclage de nos errements.
www.maisondesarts-chatillon.fr
UN WEEK-END ARCHI-OCCUPÉ !

CD92/ Stéphanie Gutierrez-Ortéga
Retour aux fondamentaux pour la 42e édition des Journées européennes du Patrimoine : À la rencontre du patrimoine architectural, le 20 et 21 septembre.
En cette année qui suit la restitution des travaux de reconstruction de Notre-Dame, le patrimoine architectural se retrouve tout naturellement dans la lumière. Au Domaine départemental de Sceaux, le thème s’infiltre dans l’exposition Trésors et coulisses et lors du Festival de l’Orangerie. Les visites guidées de la Tour aux figures s’enrichissent de la projection d’un film documentaire, les portes seront ouvertes pour l’occasion à La Seine Musicale et aux ateliers du JAD – lequel annonce un jeu de piste en famille autour de l’histoire des bâtiments. Le musée départemental Albert-Kahn puise dans ses collections pour cultiver l’avenir de notre environnement, ressusciter par l’image animée le travail et les traditions populaires au début du XXe siècle, et entraîner petits et grands dans un jeu immersif. Au programme également, parmi les innombrables propositions, un escape game aux Archives départementales, un bal participatif d’époque Premier Empire et Restauration à la Maison de Chateaubriand et une étonnante démonstration d’escrime au Pavillon de préfiguration du musée du Grand Siècle. Les parcs historiques ne sont pas en reste. Ainsi, à Châtenay-Malabry, pour fêter l’inauguration du nouveau parc départemental de la Roseraie, des ateliers valoriseront le passé et la riche biodiversité des lieux. Au-delà de ces JEP, l’ouverture, à l’initiative du Département, d’une partie des jardins du séminaire Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux (2,5 ha début 2026) ou de restauration du Grand Rocher au parc de la Folie Saint-James à Neuilly-sur-Seine, à partir de fin 2026, participent à la valorisation de ce patrimoine alto-séquanais mariant nature et culture.